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Un handicap ? Allons donc ! André Moreau a perdu une jambe dans un accident de la route, dans le petit parc d’Alma, en 1993. Il avait 27 ans. Une manoeuvre de dépassement, avec sa moto, qui a mal tourné. La voiture qui venait en sens contraire l’a heurté à la jambe gauche qui, sur le coup, a été complètement broyée. Sa copine d’alors, qui était derrière lui, a subi des blessures dont elle s’est remise, sans séquelles.

Aussi violent fut-il, pour le corps, le choc n’a pas eu les conséquences psychologiques que l’on aurait pu anticiper. Au contraire. André Moreau s’est relevé, il est resté positif et il a continué de vivre intensément. Encore davantage depuis qu’il s’est mis sérieusement au vélo, il y a deux ans. Au vélo, avec une seule jambe !

« Ma vie a changé, elle a pris une autre direction. Ça m’a permis de rencontrer plein de monde », opine-t-il. De rencontrer les bonnes personnes.

Passionné de vitesse et de sensations fortes – il a assisté à pratiquement tous les GP de F1 présentés à Montréal et a pratiqué le karting pendant quelques années – André s’est cherché une nouvelle voie, en passant par l’entraînement en salle et plein d’exercices au sol, mais il lui en fallait davantage. « Je voulais quelque chose de plus cardio », dit-il, et le vélo a comblé toutes ses attentes.

« Avec le vélo, je retrouve la même adrénaline que lorsque je faisais du karting. Le fait de me préparer, de mettre mon habit de vélo, de mettre mon casque et mes gants… Mettre la bonne pression dans les pneus et ensuite prendre sa place au départ d’une cyclo me procure les mêmes sensations », avance-t-il. Et quand il se retrouve au coeur d’un peloton «normal», il est, pourrait-on dire, au septième ciel! « Je me trouve égal aux autres quand je roule avec des cyclistes qui ont leurs deux jambes, c’est un sentiment très fort que je ressens… » Et il roule comme les autres, à une vitesse très respectable, dans des groupes qui tiennent une moyenne de près de 30 km/h. Et il n’a pas peur des côtes! Son record, nous dit-il, une sortie de 110 km avec un dénivelé total d’environ 1200 mètres.

Évidemment, le fait de n’avoir qu’une jambe demande une technique et des efforts particuliers. Efforts répétés qui ont transformé son corps. Tire, pousse, tire, pousse, son psoas iliaque est surdimensionné. « Au début, au mois d’avril, lorsque j’ai commencé à faire régulièrement du vélo, j’avais de la misère à tenir une cadence continue car mon muscle qui est en haut de la cuisse, sur l’avant, le psoas iliaque, était petit et se fatiguait rapidement. Donc moins de force car je prenais des pauses régulièrement et je perdais, par le fait même, de la vitesse. Ce muscle sert à relever ma jambe. Oui, je pousse avec ma jambe, mais il faut la relever et je n’ai pas l’autre jambe pour le faire. Tout part de ce muscle qui est maintenant, à l’effort, de la grosseur d’un poing. Dans mon cas, il a triplé car j’ai vu pousser cette bosse miracle. Maintenant, je garde la cadence pendant des kilomètres sans prendre de pauses. Ce muscle est rendu très performant et me permet de faire de longues randonnées à de bonnes vitesses. »

Une fois la saison extérieure terminée, André Moreau continuera de pédaler, sur une base d’entraînement, dans son salon, avec l’espoir, pour 2013, de participer au Grand Défi Pierre Lavoie.

Comme on dit souvent, la nature a horreur du vide et elle trouve toujours le moyen de compenser… surtout si on y met attention, détermination et effort.

Sous la photo, courte démonstration et vidéo-entrevue avec André Moreau.

André Moreau-1 from SDV*Mag on Vimeo.

André Moreau-2 from SDV*Mag on Vimeo.