Coureur, entraîneur et modèle!

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La fin de semaine prochaine (8 et 9 mai), alors que la majorité des cyclistes seront à Granby pour perfectionner leurs techniques de contre-la-montre, moi, je serai à Bromont.

Non pas pour profiter des pistes de vélo de montagne au même endroit, mais bien pour recevoir la deuxième partie de mon cours d’entraîneur en cyclisme sur route au centre nationale de cyclisme.

Il y a deux ans, ma sœur Audrey et moi avons rencontré Éric Rancourt, le fondateur du club cycliste CCCPVDM, qui allait éventuellement devenir les Cuisses Or de l’Outaouais. Nous nous sommes donc directement offerts pour lui donner un coup de main pour « coacher ». Bien que nous ne connaissions pas grand-chose en la matière, nos expériences en tant que coureurs pourraient bien aider ces jeunes amateurs.

 La saison dernière nous nous sommes donc joints officiellement à l’équipe en tant qu’entraîneurs. Le résultat ne fut pas très fructueux en grande partie à cause de notre inexpérience, de la responsabilité que ça implique être entraîneur et aussi à cause de la structure de l’équipe. Ainsi, rien de vraiment concret n’est sorti de la saison dernière… outre le fait que j’ai adoré ça!

Formation à Bromont

Vers la fin de saison nous avons vu que la formation d’entraîneur était donné au centre national à Bromont. C’est donc ainsi que nous avons reçu la première partie de notre cours d’entraîneur. Ainsi à l’aube de la saison 2010 nous étions mieux préparés.

Ce furent, pour ainsi dire, nos premiers pas en tant qu’entraîneurs sérieux se donnant vraiment pour le développement des jeunes. Éric, nous faisant totalement confiance, nous a donc remis les rênes du club qu’il avait lui-même créé en terme d’entraînement. Wow, c’est une grande responsabilité! À partir de maintenant nous étions responsables des succès mais aussi des insuccès des jeunes.

Déception et espoir 

Pour être honnête, je ne savais pas trop à quoi m’attendre. J’avais aimé mon expérience, lors de la saison 2009, mais j’étais quand même resté un peu amer. Amer face aux idées que j’avais alors que j’ai commencé qui ne se sont jamais réalisées. Amer aussi face à la désillusion, un jeune ça peut se développer seulement avec de l’effort, de la volonté et un encadrement, ce que la majorité des jeunes n’avaient pas.

Néanmoins c’est avec beaucoup d’espoir que j’ai entamé la saison 2010 avec les promesses de changement de la part d’Éric. Il n’a pas menti, il y a eu du changement. Ainsi le club changea officiellement de nom pour devenir Les Cuisses Or, et serait maintenant à vocation purement compétitive. Maintenant les jeunes sauront pourquoi ils roulent et seront motivés à travailler.

C’est aussi cette saison que j’ai rencontré Vincent Joinette, un jeune homme de 15 ans. Il est cadet mais à cause de son inexpérience, il court minime pour l’instant. J’espère faire une assez bonne job pour qu’il termine la saison cadet.

Avant de rencontrer Vincent, j’aimais coacher, mais sans plus, sans vraiment de raison concrète. C’est lui qui m’a fait comprendre ce que j’aimais dans ce travail. Vincent, c’est l’histoire d’un jeune qui commence probablement au pire moment. Cadet, l’étape juste avant les « vraies » courses, l’étape où les gars veulent faire leurs preuves pour se trouver une équipe junior. Autrement dit, Vincent devrait normalement courir contre des gars super entraînés qui courent depuis des années alors que lui est sans aucune expérience.

Il a commencé le vélo cette année : il adore ça. La passion, je peux la voir dès qu’il est sur son vélo. Lorsqu’il a fini sa première course, à Calabogie il m’a dit trois mots tellement simples, mais qui sont significatifs : « C’ÉTAIT LE FUN! » Il venait pourtant de se faire larguer d’un peloton de gars qui sont un an plus jeune que lui, mais lui, il ne voyait pas ça comme ça. Il avait eu du « fun »!

Aux entraînements, je demande toujours la même question : comment vous sentez-vous aujourd’hui? Sa réponse, vous voulez savoir c’est quoi? « J’ai des jambes, à soir, j’espère qu’on va s’entraîner dur!» À sa première saison de vélo il arrive déjà presqu’à suivre les meilleurs de l’équipe! Tout un accomplissement en soi.

Vous vous demandez peut-être, ouin, pis un jeune qui aime faire du vélo on en trouve partout. Mais Vincent c’est l’exemple de la détermination et de la passion. Aucun entraînement ne lui fait peur, il a du fun. Mais la partie qui m’a le plus marqué avec Vincent, ce sont mes courses.

Il faut savoir que l’horaire fait en sorte qu’en tant que junior, je cours toujours 1h30 à 2h00 après lui (minime). Pourtant, depuis le début de la saison, il se fait un devoir de rester au moins jusqu’à mon départ. Si il ne peut pas rester jusqu’à la fin de la course il demande que je lui envoie un message texte (sms) pour lui dire comment j’ai fini et vient immanquablement m’en reparler le lendemain à l’entraînement.

Pression et motivation 

C’est pour moi une source de pression et de motivation. Je sais que je ne serai jamais pro, à vrai dire, qui sait si je serais un jour un bon senior. Je ne cours jamais pour me prouver face aux autres puisque je considère qu’il s’agit probablement de ma dernière saison. Pourtant, en sachant que Vincent est là, à observer ma course, ça me motive à me défoncer, à tout donner. Je demande toujours à ces jeunes-là de ce donner à 110% aux entraînements et aux courses. Ce serait absurde de ne pas appliquer ce même principe lors de mes propres courses.

Ainsi, dans mes courses quand je sais que Vincent ou même d’autres membres de l’équipe me regardent,  j’ai toujours une motivation particulière. Peut-être que je me mets sur un piédestal, mais j’ai l’impression de servir de modèle un peu pour ces jeunes et que je perdrai leurs respect si jamais je leur demandais des choses que je ne fais pas moi-même.

Est-ce que j’aurai réellement un impact à long terme sur ces jeunes? Je ne sais pas, je ne le saurai probablement jamais. Pour l’instant ce sont des jeunes de 13-14-15 ans qui font du vélo, certains pour le plaisir, d’autres pour gagner. Moi j’essaye de les aider à tirer le meilleur d’eux-mêmes et d’être un bon modèle.

Voilà pourquoi j’aime être coach. Pas pour le titre, pas pour mettre ça dans mon CV, mais pour la relation et la complicité que je développe avec ces jeunes-là. Je pousse Vincent à se donner à fond lorsqu’il embarque sur son vélo et, à sa manière, il fait la même chose pour moi.

La fin de semaine prochaine je vais manquer une grosse course. En effet, Granby est pour moi une étape stratégique dans le calendrier de courses. En tant qu’atroce contre-la-montreur, Granby est pour moi une bonne façon de voir comment ajuster le tir par rapport aux autres.

Pourtant, la fin de semaine prochaine je vais être au Centre National. Je vais apprendre des techniques pour aider les jeunes à devenir de meilleurs cyclistes, pour les pousser jusqu’à leur plein potentiel. Suis-je amer? Pas du tout, alors que je sais que ma carrière cycliste tire à sa fin, je n’ai aucune idée combien de temps durera ma carrière d’entraîneur. Pour l’instant j’ai l’intention de continuer tant qu’il y aura des Vincent pour me motiver.

Le message

Ce texte est, en fait, un message. Une des raisons qui m’a poussé à être entraîneur est le goût de redonner. De redonner pour tout ce que j’ai reçu alors que j’étais un Pee-Wee, un Minime ou Cadet. De redonner à la communauté cycliste, aux gens et aux clubs qui ont pris le temps de me former pour faire de moi le cycliste que je suis maintenant. Seniors, maîtres, juniors, vous devriez vous aussi pensez à redonner. Pensez à ces gens qui ont donné de leur temps pour que vous puissiez faire ce merveilleux sport. Pas besoin de suivre un cours d’entraîneur pour aller rouler avec les jeunes de l’équipe de la région et leur donner des trucs sur comment rouler dans un peloton ou comment faire un contre-la-montre.

Et vous les parents, vous qui donnez déjà beaucoup, n’ayez pas peur de vous impliquer lors des entraînements. Amenez votre vélo et allez rouler avec les groupes. C’est toujours nécessaire d’avoir des gens de confiance lorsqu’il arrive un pépin. Ce n’est pas un gros engagement, ce n’est même pas obligé d’être à toutes les semaines mais, croyez-moi, en tant qu’entraîneur je sais la différence qu’il y a entre s’occuper d’un groupe de 15 cyclistes avec 2 parents ou aucun : ÉNORME. En plus, c’est bon pour votre santé!

En terminant, croyez-moi, en tant que cycliste je suis encore très très TRÈS reconnaissant pour les gens qui m’ont aidé dans ce sport à mes tous débuts, qui font que je suis en partie le cycliste que je suis et qui m’ont donné le goût de redonner et de devenir, à mon tour, un modèle : Alain Poisson, René Lemieux, Yves Martin et Martin Fleury.

Merci!

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