Le DH (downhill), sincèrement, il n’y a rien qui se rapproche de ce sport cycliste au point de vue adrénaline et dépassement de soi. Et que dire de l’endurance physique que ça demande ! J’en entends déjà dire : « Pffff , y pédale même pas ! ». J’ai des petites nouvelles pour vous !
Il y a trois ans, j’ai recommencé le DH, je dis recommencer car, fin des années 90 et début 2000, je faisais partie d’un club de downhill, bref, vers la fin de saison, en septembre 2009, pour être plus précis, j’avais plus de 3000 km de vélo de montagne de faits, sans compter la route. A la fin de ma journée et après sept descentes, j’étais complètement « toasté ». Plus de jus. Le pire m’attendait au levé du soleil ; j’étais capable de compter le nombre de muscles que mon corps avait : 639 pour être exact !
Aucun endroit de mon corps n’était confortable, sauf dans ma tête. Quelle journée incroyable à repousser ses limites !
Imaginez-vous en position semi-accroupie sur votre vélo sans jamais s’assoir, ou presque. Pédaler, oui, pédaler sur un tank de 50 livres qui pompe à n’en plus finir. À recevoir des coups et à absorber les bosses qui se succèdent sans répit avec de la vitesse mélangée à tout ça. Humm, que de plaisir !
Pour vous donner une idée de ce qu’est un vélo de descente voici, un Norco Aurum LE, que l’on peut se procurer pour la très modique somme de 7825 $ !
Pas cher, vous allez dire, je suis entièrement d’accord avec vous.
Quelques petites infos sur le vélo. Comme on peut le voir, une suspension assez impressionnante; 200 mm de débattement, frein hydraulique avec disque de 200 mm. Les disques sont très gros pour ne pas qu’ils surchauffent, sinon, c’est du rodéo assuré et ce, en pleine forêt. Le cadre est extrêmement renforcé car, s’il casse, ce ne sera pas du brocoli que vous allez avoir entre les dents.
Soit dit enpassant, ça prend absolument un casque du type « fullface » qui protègera le visage et la mâchoire. Un bon équipement est nécessaire; soit plastron avec épaulettes et protège-coude, protège-cou, lunette, jambières, gants longs, de bons vêtements tels que bermudas et chandail de motocross renforcé, ce qui est apprécié lors de chutes dans la « garnotte ».
Cet été, lors d’une descente effrénée dans la coupe du monde, au Mont Sainte-Anne, je descends avec un jeune d’une vingtaine d’années (j’en ai plus de 40), je le suivais car je n’étais pas sûr de ses compétences tant vantées lors de la remontée dans les télécabines. S’il se plante, je voulais voir où et quand au lieu de le chercher et de remonter les sections techniques avec un bike d’une tonne. Lorsque nous sommes arrivés près des gondoles, je décide de lui laisser de l’avance car une série de sauts se dessine à l’horizon. Et comme je m’y attendais, dès le deuxième saut, je vois, à environ 150 pieds devant moi, deux manches à balais avec des souliers attachés au bout, qui tournoient dans les airs! Comme vous l’aurez deviné, ce n’est pas un costaud. Il devait faire 85 livres à 6′ 2 « . Je me suis dit, ça y est, yé cassé de partout !
J’arrive à sa hauteur, je constate qu’il est encore en vie. Il a peine à respirer mais y’est pas mort. L’autre problème est qu’il est au beau milieu de la piste, directement après une « drop » donc, si un autre « biker » arrive, il nous fauche. Il réussit à se tasser tant bien que mal mais, bien sûr, avec un coup de main. Après plusieurs minutes couché sur le coté de la piste, je constate qu’il n’a pas de fracture. Quelle chance, il avait un bon équipement et, sans cet équipement, il aurait été salement amoché.
Je crois que par cette belle journée d’été, il a appris ce que voulait dire « râpe à fromage ». De solides coupures et ecchymoses au menu. Le vélo avait peu de dommages, dérailleur et patte de dérailleur cassés. Juste assez pour être obligé de redescendre à pied. Le pire, dans tout ça, chuter sous les gondoles, aux yeux de tous… Ouf! Dur coup pour l’ego !
Une fois rendu au bas de la montagne, il m’avoue qu’il n’était pas de calibre pour cette piste. Je n’ai pas voulu lui faire la morale car je crois qu’il a eu sa leçon.
Tout centre de DH qui se respecte se doit de signaler le niveau de difficulté de chaque piste. Ce que fait brillamment le MSA. Bien que chaque personne qui se respecte, se doit également de respecter son propre niveau de compétence. Sinon, des accidents bien plus graves que celui-ci peuvent arriver.
La fin de semaine suivante, qui est-ce que je revois, le cascadeur téméraire, encore secoué, mais prêt à descendre dans les pistes et, cette fois-ci, de son calibre.
Le DH c’est pour la vie. Je vois régulièrement des gens de tous les âges pratiquer ce sport. Pourquoi? Parce qu’il y a des sentiers pour tous les niveaux. Qu’on ait 10 ou 77 ans, chacun y trouve son compte. Il s’agit juste de se respecter et de respecter les différents degrés de difficultés. Tu es DH ou tu ne l’es pas. Mais quand tu l’es, peu importe si tu arrêtes, tu y reviendras un jour.