Montréal, 19 juin 2013 (Sportcom) – En octobre dernier, l’ex-cycliste et grand patron de la formation de niveau pro continental SpiderTech, Steve Bauer, annonçait que l’équipe mettait ses activités sur la glace, le temps de trouver de nouveaux commanditaires afin de faire le grand saut au sein des équipes du World Tour en 2014. Près de dix mois et bien des efforts plus tard, Bauer lance la serviette. L’équipe ne sera pas de retour et l’aventure est bel et bien terminée.
« Nous avons fait de belles choses au fil des ans, sauf que malheureusement, SpiderTech n’était pas le partenaire que nous avions besoin pour continuer. Je peux faire encore beaucoup de choses dans le monde du vélo, mais pas mettre sur pied une équipe professionnelle », a expliqué Bauer en entrevue à Sportcom. « Je regarde tout ça et je me dis que ce sera extrêmement difficile d’attirer des commanditaires canadiens pour nous amener au niveau World Tour. Nous sommes au Canada, pas en Belgique ou en France, des pays qui ont une profonde culture cycliste. »
En plus des difficultés rencontrées pour boucler un budget de plusieurs millions de dollars, l’ancien maillot jaune du Tour de France constate d’autres obstacles qui ont nui à son projet, notamment les aveux de dopage de Lance Armstrong, la situation économique actuelle et aussi les jeux de coulisse entourant la réélection possible de Pat McQuaid, président de l’Union cycliste internationale (UCI).
« Même si le cyclisme est le sport qui en fait le plus en matière de lutte antidopage, en comparaison avec les autres sports, il faut encore mettre de l’ordre là-dedans. Un autre point, c’est que le modèle d’affaires du World Tour est défectueux. Il n’y a pas d’équilibre entre les équipes et cette instabilité fait en sorte que les grandes compagnies hésitent à investir des millions de dollars sur plusieurs années. La réalité, c’est qu’il faut que le cyclisme se replace », poursuit celui qui persiste à croire que les commanditaires en ont pour leur argent avec la visibilité qu’ils reçoivent.
Déçu de voir son projet échouer, Steve Bauer est tout de même fier du chemin parcouru. « Nous avons donné une chance à plusieurs athlètes canadiens et maintenant, ils sont dans le coup pour se démarquer dans un des sports les plus difficiles au monde. Josée (Ndlr : Larocque, sa conjointe et partenaire d’affaires) et moi sommes fiers d’avoir fait ce que personne n’avait réussi avant nous. J’espère toujours voir un jour une équipe canadienne dans le WorldTour. »
Pressé par le temps
En mai 2012, Bauer a été informé que SpiderTech voulait poursuivre son association pour trois ans. Revirement de situation cinq mois plus tard alors que son commanditaire principal exigeait de nouvelles conditions. À ce moment, les contrats des coureurs pour la saison 2013 étaient signés et la demande de licence d’équipe avait été faite auprès de l’UCI.
« J’aurais préféré me faire dire au mois de mai qu’ils arrêtaient pour 2013, alors nous aurions pu mieux planifier la suite des choses. Mais le 9 octobre, c’était beaucoup trop tard. Au moins, ils se sont engagés à payer le salaire de ceux qui avaient un contrat pour 2013, car si ce n’était pas le cas, nous aurions fait faillite et des carrières de coureurs auraient été détruites. »
Plusieurs coureurs québécois de l’équipe ont pu se trouver une nouvelle équipe à la dernière minute. François Parisien a signé chez Argos-Shimano, Hugo Houle chez AG2R-La Mondiale et Guillaume Boivin s’est joint à l’équipe Cannondale. Quant à David Boily, ce n’est qu’au milieu de l’hiver qu’il s’est déniché une place chez Amore & Vita.
« C’est juste dommage qu’ils ne nous aient pas laissé du temps pour faire une transition. C’est ce qui me déçoit et me peine », constate Bauer, ajoutant que plusieurs autres commanditaires de l’équipe étaient prêts à poursuivre l’aventure.
D’autres projets cyclistes en vue
Steve Bauer ne compte pas délaisser le monde du vélo pour autant. Il veut désormais investir ses énergies chez les plus jeunes, plus précisément chez les moins de 23 ans, où il aimerait démarrer une nouvelle équipe.
« Nous pouvons avoir un impact sur l’avenir du sport au pays. Un gars comme Antoine Duchesne a de bons résultats, mais il nous en faudrait une douzaine comme lui. Pas juste un ! »
Le médaillé d’argent de la course en ligne des Jeux de Los Angeles croit aussi que le nouveau vélodrome intérieur de Milton qui sera construit pour les Jeux panaméricains de Toronto sera un bon tremplin pour la nouvelle génération de cycliste. Lui-même a passé plusieurs années à s’entraîner au vélodrome de Montréal, à la fin des années 1970.
Rédaction: Mathieu Laberge / Sportcom