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Athlète Sportcom de la semaine
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Montréal, 27 mars 2013 (Sportcom) – En remportant au sprint la cinquième étape du Tour cycliste de Catalogne, vendredi dernier à Lleid (Espagne), François Parisien (photo Argos Shimano) a non seulement mérité la plus importante victoire de sa carrière : il est devenu le premier Québécois à s’imposer à une épreuve du WorldTour. Le cycliste est donc sélectionné à titre de l’Athlète Sportcom de la semaine du 25 mars.
Dans 20 derniers kilomètres de l’épreuve qui en comptait 156, l’athlète originaire de Repentigny a été épaulé par ses coéquipiers de l’équipe Argos-Shimano. Malgré le parcours sinueux et les nombreux ronds-points, la formation du Québécois a réussi à bien placer l’éventuel vainqueur aux avants-postes du peloton dans le dernier virage qui était à 300 mètres de la ligne d’arrivée. Parisien a réussi à suivre Stéphane Poulhies (Cofidis), alors en tête, avant de la dépasser une dizaine de mètres avant la ligne.
« Notre plan était taillé au millimètre près et tout s’est passé comme prévu, ce qui est quand même rare. Là, tous les gars de l’équipe étaient au rendez-vous. Je leur dois beaucoup de m’avoir aussi bien placé. Après ça, c’était à moi de jouer », soutient François, au lendemain de cette compétition de sept étapes qui a pris fin dimanche, à Barcelone.
« À mon retour chez moi, j’ai regardé les messages et courriels reçus à la suite de ma victoire. C’est là que j’ai commencé à en réaliser l’impact. J’ai été surpris de voir qu’on en avait beaucoup parlé dans les médias québécois et même européens. Je vois ça et j’en suis heureux. J’ai la chance de courir au niveau World Tour et je vais tout mettre en œuvre pour ne pas la gaspiller. »
Ce résultat ne changera en rien la suite du calendrier de course du coureur âgé de 30 ans. Comme l’explique celui qui passe désormais son temps entre Gérone (Espagne) et Bromont, c’est la confiance que ses employeurs ont en lui qui est maintenant légèrement différente.
« Oui, cette victoire m’enlève de la pression, mais d’un autre côté, les gens ont maintenant plus d’attentes envers moi. Cela crée une pression pour les prochaines épreuves. C’est une bonne pression et c’est agréable de l’avoir. C’est maintenant à moi de confirmer et j’espère avoir l’occasion de le faire encore plusieurs fois. »
Même s’il s’est imposé au sprint, François sait pertinemment qu’il n’est pas un pur sprinter qui peut rivaliser avec Mark Cavendish, Tom Boonen ou Peter Sagan. C’est plutôt à l’usure des compétitions par étapes qu’il pourra se démarquer.
« Au Tour de Catalogne, les deux étapes de montagne avant celle de ma victoire ont été extrêmement difficiles et les sprinters ont abandonné. Ils n’ont pas été capables de suivre. Ma force, c’est que je suis un puncheur qui est capable de passer les bosses et de sprinter une fois que les purs sprinters ne sont plus dans le peloton. »
Un nouveau départ
En septembre dernier, après sa dixième place obtenue au Grand prix de Québec, François Parisien avait parlé ouvertement de la dépression qu’il venait de combattre quelques mois plus tôt. Après le point de presse officiel, c’est sous le regard de sa mère que le champion canadien 2005 avait raconté en détail à deux journalistes cette période qui avait été difficile.
Rares sont les athlètes de haut niveau qui ont parlé publiquement de leurs moments sombres et ils sont encore plus rares ceux qui l’ont fait alors qu’ils étaient encore actifs sur la scène internationale.
« Il faut en parler et il ne faut pas rester pris avec ça. C’est tellement dur une dépression ! Je suis le genre de personne qui a besoin d’en parler pour évacuer ça. J’en parle ouvertement, car ça fait partie de ma personnalité. J’ai toujours été franc en entrevue… même si des fois je l’étais peut-être trop », soutient en riant l’athlète de 30 ans.
Une des personnes qui a envoyé un message de félicitations au cycliste est l’ex-athlète Clara Hughes, qui a elle aussi parlé publiquement de sa dépression après les Jeux olympiques d’Atlanta.
« J’ai vraiment apprécié son message. On se connaît depuis l’époque où nous étions dans l’équipe Volkswagen et nous avons participé à des projets avec l’équipe nationale. C’est surtout pendant l’hiver, où je la côtoyais au centre d’entraînement PowerWatts, qu’elle a vu le travail que je faisais. Nous avions discuté quelques minutes à propos de la façon dont nous nous en sommes sortis. »
L’avenir du coureur cycliste aurait pu à nouveau vaciller à nouveau en octobre dernier lorsque les dirigeants de sa formation d’alors, Spidertech-C10, ont annoncé qu’ils mettaient la saison 2013 en veilleuse. Dur jour au lendemain, François se retrouvait sans emploi.
Dans les jours qui ont suivi cette annonce, voici ce qu’il mentionnait en entrevue à Sportcom : « L’année prochaine, je vais faire du vélo. Ce qui se passe, ça ne peut pas être pire que ce que j’ai vécu ce printemps lorsque j’ai fait ma dépression. J’ai atteint le fond du baril et maintenant, je vois les choses autrement. »
Environ cinq mois plus tard, force est de constater que François a raison de voir que sa victoire n’est pas seulement un excellent résultat sportif.
« Cette victoire est plus personnelle qu’une simple performance. En fait, ça met une croix sur tout ce qui s’est passé avant. Maintenant, je repars un peu comme un nouvel athlète qui a un nouveau statu. J’ai relancé ma carrière d’une belle façon. »
Rédaction : Mathieu Laberge / Sportcom