L’ajustement du vélo : partie 1 – La hauteur du trône

Présentée par le Dr Aroussen Laflamme D.C. CCSP (chiropractic coucil of sport physicians)
Chiro_sport@hotmail.com
Clinique chiropratique du sport, www.chiropratiquedusport.com

Dans cette série de chroniques nous aborderons le lien entre la posture sur le vélo et l’apparition de pathologies musculosquelettiques diverses. Le cyclisme est un sport hautement répétitif. Dans une sortie d’une heure, un cycliste aura fait environ 5400 tours de pédales, d’où l’importance d’être bien positionné1. Partant de ce constat, de l’étude biomécanique et pathophysiologique, nous illustrerons le comment et le pourquoi des blessures dont nombres de cyclistes souffrent chaque année.

Nous débuterons par la base, soit l’ajustement de la hauteur de selle. C’est la fondation de tout le reste et par le fait même l’aspect le plus immuable de votre positionnement. Une fois que vous aurez identifié votre hauteur et votre recul par rapport au centre du boîtier de pédalier, presque tous vos vélos devraient être ajustés de façon identique. Une exception est faite pour les vélos de contre-la-montre et nous vous l’exposerons plus tard.

Tout ceci part du principe que votre cadre vous sied bien. Les manufacturiers proposent différentes chartes pour guider le consommateur dans le choix du vélo. En route, la variable la plus importante est la longueur du tube horizontale, ou du moins la longueur horizontale entre la tige de selle et la potence. La raison est fort simple, l’ajustement à ce niveau est limité à 1 ou 2 cm environ contrairement à la hauteur de selle qui elle peut être modifié de quelques décimètres.

Mais comment choisir sa grandeur de cadre? Voici quelques tableaux qui peuvent vous guider.

Figure 1 : Source http://bikeframesizechart.com

• Klein, le constructeur de vélo, utilise une méthode bien à lui pour uniformiser la position sur différent vélo. La méthode s’appelle « direct-fit » et consiste à mesurer la distance entre le centre de l’axe de pédalier et la position des mains sur le guidon (K)7. Cette distance n’est pas influencée par le type de vélo ni votre position sur celui-ci. L’angle « L » détermine la posture sur le vélo. Plus l’angle est aigu, plus la posture est agressive et aérodynamique.

• Pour plus d’exactitude, mettez de la craie dans le creux former par le pouce et l’index. Puis enfourchez votre monture. Vous indiquerez ainsi l’endroit précis de votre point d’appui sur le guidon ou les cocottes.

HAUTEUR DE SELLE :

La selle doit être au niveau ou légèrement inclinée vers le bas (particulièrement en route) et vous procurer une sensation de confort. Idéalement, votre poids doit être équitablement réparti entre la selle et le guidon. Toutefois face à certaines pathologies, le professionnel du positionnement pourra faire entorse à cette norme de base.

Voyons maintenant quelques méthodes de positionnement généralement employée. Certains prêchent les vertus de l’approche scientifique basée sur des calculs. Toutefois il faut comprendre que celle-ci s’appuie sur des moyennes. Elle constitue souvent un bon début mais ne se substitue jamais à l’observation par un œil expérimenté.

• Lorsque vous êtes assis, la pédale vers le bas dans le prolongement du tube de selle, une légère flexion (25-30o) doit être présente au niveau de votre genou5. Attention de garder le bassin au niveau et allongeant les deux jambes lors de cette mesure.

• Autre truc : ajustez la selle de manière à ce qu’une fois assis sur la selle, votre jambe soit complètement droite lorsque vous posez le talon du soulier de montagne sur la pédale en position 6 heures. Avec le soulier de route, un pouce devrait pouvoir se glisser entre la pédale et le talon.

• Si toutefois vous manquez de souplesse, je propose d’opter pour une méthode plus approximative. Ajustez la hauteur de la selle de façon à ce que votre bassin soit stable lors du pédalage. Ensuite, entreprenez un programme d’étirement intensif!

• Pour les amateurs de chiffres : hauteur de l’entrejambe X 0,833 = distance centre du pédalier–dessus de la selle. Attention cette méthode date des années 1980 et ne tient pas compte des améliorations et modifications à l’équipement moderne.

• Consignez sur un aide mémoire la distance entre le centre du boîtier de pédalier et le dessus de la selle en suivant le tube de selle. La distance devrait être sensiblement la même sur tous vos vélos. Toutefois, si vos bras de pédaliers sont plus longs sur votre vélo de montagne (ce qui devrait être le cas) descendez votre selle de la différence. (175mm vs 172,5 mm = 2,5 mm plus bas sur le vélo de montagne.

Une selle trop basse,1-4:

Une selle trop basse aura pour conséquence un étirement plus important des structures antérieures du genou et des fessiers accompagnés d’une flexion trop grande des muscles avant de la hanche6. De plus, cela augmente drastiquement la force de compression au niveau du cartilage articulaire de la rotule. La résultante peut-être l’une ou l’autre de ces conditions :

– Des douleurs et de l’inflammation à l’avant du genou : syndrome fémoro-patellaire (compression), tendinite rotulienne (étirement), myofasciite du quadriceps;
– Des spasmes au niveau des psoas et douleur lombaire possible;
– De la douleur au niveau des fessiers, particulièrement lors de longue sorties intense du type contre-la-montre;
– Perte d’efficacité du pédalage6

Une selle trop haute1-4:

Cette position provoque une trop grande extension du genou qui étire indument les muscles ischio-jambiers et la bandelette ilio-tibiale. Elle entraine un balancement du bassin et le pointage du pied en tentative désespérée pour compenser. Il en résulte :
– Des tensions et de la douleur à l’arrière du genou : tendinite des ischio-jambiers ou du poplité, syndrome de la bandelette;
– Tension musculaire et inflammation articulaire au bas du dos en raison du balancement de bassin;
– Des douleurs aux hanches et crampes/raideurs aux mollets;
– Irritation cutanée au niveau fessier en raison du frottement;
– Engourdissement des parties génitales.

L’étirement du complexe myotendineux crée des microtraumatismes qui en s’accumulant peuvent provoquer l’inflammation et la douleur. Pensez au trombone qu’on casse en le pliant d’un côté à l’autre… La lésion peut apparaître à différent niveau selon l’âge, la flexibilité et le mécanisme (force excentrique ou concentrique). Chez les jeunes, se sera plus souvent l’attache osseuse qui cèdera en premier (avulsion) versus le tendon chez l’adulte. C’est pourquoi chez un athlète de moins de 20 ans, le professionnel de la santé devra plus fréquemment éliminer la fracture d’avulsion à l’aide de radiographie.

Au contraire, le raccourcissement trop important d’un muscle, notamment lors de sa contraction peut amener la création de myospasmes. De plus, le raccourcissement prolongé provoquerait la perte de sarcomère (unité contractile du muscle) en série8. Ces deux phénomènes causent une perte de l’élongation musculaire et peuvent à leur tour entrainer des micro-déchirures au cours de d’autres activités.

Si l’une ou l’autre de ces conditions apparaît au cours de la saison sans raison évidente, pensez à faire vérifier votre positionnement. La majorité de ces problèmes, si prient rapidement, guérirons avec de la glace et un peu de repos. Si toutefois après 2 à 3 semaines la douleur persiste, il est temps de consulter un professionnel spécialisé en blessure sportive.

Références :

1- Asplund C et St-Pierre P. « Knee pain and bicycling » The physician and Sports Medicine 2004;32(4)
2- Gregor RJ; Wheeler JB, Biomechanical factors associated with shoe/pedal interfaces. Implications for injury. Sports Medicine 1994;17(2):117-31.
3- Burke, ER. High tech cycling 2003
4- Souza, T , The chiropractic sports physician : the bicyclist
5- Thompson MJ, Rivara FP. Bicycle-related injuries. Am Fam Physician. 2001;63(10):2007-14.
6- Christiaans H, Bremner A. Comfort on bicycles and the validity of a commercial bicycle fitting system. Applied Ergonomics 1998;29(3):201-11.
7- [http://www.kleinbikes.com/us/cross_reference/index.html]
8- Weppler CH, Magnusson SP. Increasing muscle extensibility: a matter of increasing length or modifying sensation? Phys Ther. 2010;90:438–449.

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Pas de réponse à “L’ajustement du vélo : partie 1 – La hauteur du trône”

  1. Pierre Coulombe

    SDV*MAG est devenu un site payant !!!!!
    Il y a des tonnes d’informations GRATUITE sur le vélo sur le web.
    Dommage, votre site est intéressant mais de là à payer pour me faire montrer de la pub à travers les articles….

    Vous venez de perdre un lecteur assez régulier.

    Pierre

    • Merci de me donner l’occasion de répondre.

      Qui, sur le web, va sur le terrain autant que nous ? Personne !

      On pourrait rester assis, à la maison, et attendre les communiqués. Non. Nous sommes des professionnels.

      Accepteriez-vous de travailler sept jours par semaine, sans vraies vacances, pendant trois ans ?

      Dommage pour vous, si vous n’avez pas 20 $ à consacrer à un site qui se dévoue comme aucun autre pour la cause du cyclisme, sous toutes ses formes.

      Oui, il y a des informations gratuites, sur le web, tant mieux pour ceux qui se contentent de ça.

      Nous devons payer des collaborateurs, des frais divers, on va prendre l’argent à quel endroit ?

      Y’en a même qui nous reprochent d’avoir de la publicité !

      En plus, on a retourné pour plus de 2000$ en cadeaux variés à nos abonnés, dans la dernière année. On arrête tout ça ?

  2. Raymond Fortin

    Comme le dit souvent mon cousin qui dépanne régulièrement des plaisanciers en faisant la navette pour les ramener à leur véhicule et en passant sur ses terres, « C’est pas avec des mercis qu’on fait notre épicerie »

    Nous sommes déjà chanceux de vous voir quotidiennement au poste. Continuez votre excellent travail.

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