Dimanche soir, 18 h 48. Mon article est presque prêt ! Le sujet : rouler à vélo en couple.
Mais après l’avant-midi passé au Demi-Marathon International de Québec, je ne peux que mettre de côté la vie de couple à vélo pour aborder un sujet qui me tient plus à cœur ce soir.
Marie-Hélène Laurendeau, informaticienne de formation, cycliste et skieuse de fond passionnée. C’est à la suite de la maladie et du décès de deux de ses proches, en peu de temps, qu’elle décida de pimenter davantage sa vie en s’initiant au vélo de montagne et au ski de fond. Sa philosophie : bouger tout en ayant du plaisir pour mieux respirer le bonheur.
Alors donc, moi qui cours comme une chaise à trois pattes et n’avais jamais couru plus de 8 km, je me suis inscrite au 10 km, motivée par une invitation à me joindre à un groupe de plus de 100 coureurs qui s’était mobilisé pour soutenir un des leurs qui combattait un cancer fulgurant.
Ce fut une journée outrageusement ensoleillée, pleine de gens heureux, d’enfants dans des poussettes venus encourager papa ou maman, de sportifs pleins de vie qui jasaient de leur fatigue, de leur exploit ou de leur aventure.
Parmi cette foule, il y avait Patrick… Patrick qui sortait d’un éprouvant processus de chimiothérapie, celui pour qui nous faisions cette course et portions le fameux t-shirt orange.
Quelle inspiration à bien vivre sa propre vie que de voir cet homme qui, malgré la maladie et la souffrance, a non seulement fait acte de présence à l’événement, mais s’est même tapé le 10 km au meilleur de ses capacités déjà réduites. Un homme plein de projets et de rêves, qui s’est fait dire à la mi-trentaine que la grande faucheuse allait éventuellement passer. Un homme qui tire désormais le maximum de ce que la vie lui offre encore.
Après la course, nous avons tous jasé de tout et de rien en engouffrant nos crêpes et nos œufs sous une température radieuse. Et soudain, j’ai réalisé qu’il y avait autour de moi d’autres sportifs également éprouvés par le crabe sournois : Jean et Richard qui ont vu dépérir leur mère ainsi que mon amie Suzie (nom fictif) qui a combattu et gagné son combat contre le cancer du sein au cours de l’hiver. Pour elle, cette course dans la lumière printanière et sous le regard attentif des oies blanches en repos sur le fleuve lui permettait d’exprimer toute sa gratitude envers la vie, mais surtout envers cette journée de plus qui lui était offerte sur un plateau d’argent.
Ces amis ont un point en commun : leur passion ÉVIDENTE de la vie ainsi que leur besoin de savourer chaque seconde. Surtout Suzie.
Combien de fois nous plaignons-nous pour de trop petites choses : une température trop maussade pour rouler le cœur content, l’hiver qui ne nous lâche plus, le déneigeur qui a mal fait le travail, l’augmentation du prix de l’essence et j’en passe.
Aujourd’hui, j’ai certes fait un 10 km qui m’a permis de me dépasser et de faire pousser une quatrième patte à ma chaise… Mais il m’a également été donné une leçon de vie.
Sans sous-estimer les petits et les grands problèmes quotidiens, Patrick et les autres m’ont rappelé à quel point il est essentiel de prendre soin de notre santé, de laisser un peu tomber les obligations et les barrières de toutes sortes qui nous empêchent d’avancer et de profiter du moment présent. Peu importe le sport qui vous branche, sortez donc vous amuser et vous dépenser pour votre santé physique et mentale.
Et surtout, n’attendez pas pour faire ce dont vous rêvez. Nous savons tous qu’un jour, notre temps sera écoulé.