La question est de mise: le Tour de Québec reviendra-t-il au calendrier des courses cyclistes l’an prochain? «Il est un peu trop tôt pour annoncer quoique ce soit», répond Jean-Michel Lachance.
Rencontré quelques jours après l’évènement, le jeune organisateur de 21 ans, voulait se laisser un peu temps avant de prendre une décision finale, avant de relancer les opérations pour 2009. On le comprend. Pendant plusieurs mois, il a guidé la barque sans trop solliciter d’appui auprès de ceux qui auraient pu l’aider. Habitué de trimer dûr, en tant que coureur au sein de l’équipe Volkswagen, il s’est rendu compte qu’une course de cette envergure, ça ne s’organise pas en claquant les doigts. «C’est gros, comme organisation. J’ai peut-être surestimé mes capacités, avoue-t-il. Je suis bien content, cependant, d’avoir passé à travers cette expérience et de présenter un bilan, malgré tout, positif.»
Au fil de la conversation, on sent qu’il a envie, vraiment envie de recommencer.
Une compétition de cette nature, en septembre, c’est un pari énorme, un risque élevé sur à peu près tous les fronts. «Environ 75 coureurs se sont désistés en raison de blessures, de la fatigue ou d’un budget épuisé», explique-t-il. C’est pourquoi, dans ses plans, il faudra trouver une plage ou un moment plus propice, pour s’assurer d’un plateau mieux garni, de haut niveau. Un peu plus de 120 coureurs et coureuses étaient sur les rangs, cette année. On peut en attendre plus de 200, maintenant que le premier clou est planté. «Il faut trouver une période, dans le calendrier, où les coureurs seront disponibles, où il n’y aura pas de conflit avec d’autres compétitions. Le mois d’août, peut-être… Les coureurs sont intéressés. Québec, c’est une ville appréciée de tous.»
Ceux qui ont été croisés, à la fin du Tour, n’ont pas hésité à répondre par l’affirmative, quant à leur intention de revenir, l’an prochain… si le Tour revient à l’affiche. «C’est sûr que j’y participerai, si je suis à la maison», confirme Charles Dionne (Successful Living), l’un des principaux acteurs du Tour 2008. Même son de cloche du côté du porteur du maillot jaune, Guillaume Boivin. «La course a beaucoup de potentiel. Un peu mieux placée dans le calendrier, elle aura sans doute beaucoup de succès», affirme le jeune porte-couleurs de l’équipe EVA Devinci. Thierry Laliberté, Ugo Lapierre et Joanie Caron, pour ne nommer que ceux-là, étaient du même avis.
Même les coureurs de l’équipe américaine NorEast, qui ont quitté après l’accident de Joshua Barlett, le samedi matin, ont manifesté leur intention de revenir. Blessé à une main, lors d’une collision avec une automobile qui s’était malheureusement infiltrée sur le parcours, Barlett a été examiné par des médecins locaux mais, pour diverses raisons (assurances…), il a préféré rentrer à la maison pour y recevoir les soins appropriés.
Du côté des commandites, Jean-Michel Lachance avait également fort à faire. L’année 2008, à Québec, était chargée d’évènemetns de toutes sortes. Les entreprises de la région ont été sollicitées de toutes parts. Il se présentait, sans expérience, avec un produit qui n’était pas encore éprouvé. Cette dure étape, probablement la plus difficile du Tour, est maintenant complétée. Il aura, dorénavant, du «concret» à leur montrer. «Les commanditaires n’ont pas été nombreux mais, en revanche, ils se sont tous dits satisfaits de leur participation à cet évènement.»
Quant au déroulement de la compétition, on peut dire, dans l’ensemble, que ça s’est bien passé. «La pluie du samedi ne nous a pas aidés. On comptait beaucoup sur cette étape au coeur de la ville. Mais ça, on n’y peut rien…», concède Jean-Michel Lachance.
L’apport des bénévoles a, comme c’est toujours le cas, largement contribué à la réussite du Tour. «Un point positif. Beaucoup de gens se sont portés volontaires. Sans eux, impossible d’organiser une telle activité», reconnaît le jeune étudiant en administration.
Bémol à ajouter cependant: le sprint du jeudi soir, sur la rue Saint-jean, avait laissé plané quelques doutes. Annoncé comme une course en duo, l’épreuve a plutôt été transformée en contre-la-montre, en solo, à la dernière minute. «Pour des raisons techniques et parce que le nombre d’inscrits n’était pas assez élevé. La course aurait été trop courte», ont fait valoir l’organisateur et le coordonnateur de la Fédération québécoise des sports cyclistes, Sylvain Richard. On aurait dû le prévoir car c’était la première étape, celle qui lançait le Tour. Avec un coude-à-coude explosif, au pied de la porte Saint-Jean, les spectateurs en auraient vraiment eu pour leur argent. On leur a plutôt offert un ersatz qui avait moins d’éclat. Comme dirait l’autre: «on vend un spectacle de Led Zeppelin et, sur place, on nous offre Dan Bigras!» Ça ne se reproduira pas, promet Jean-Michel Lachance.
Tant mieux, car la ville de Québec a besoin d’une course cycliste de haut niveau, bien organisée, qui attirera des dizaines de coureurs et leurs accompagnateurs, sans compter la visibilité qu’elle peut apporter. La région compte également sur un bon noyau de coureurs et coureuses de qualité, sur des jeunes qui ont besoin de modèles et d’incitatifs pour continuer dans cette voie. Le Tour de Québec pourra les inspirer.
Jean-Michel Lachance a fait ses classes, il a noté les points qu’il doit améliorer. Avec les bases qu’il a établies, il pourra, plus facilement, former une équipe de qualité, sans prendre toutes les responsabilités sur ses épaules. Les coureurs et les coureuses feront le reste!
La question du début, on la pose une autre fois?
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