Note de l’éditeur – Sébastien Rousseau, un coureur cycliste de chez nous, s’adresse à ses amis et leur fait part de son aventure avec quelques coureurs «aguerris», dont Ivan Basso. Nous reproduisons ses propos, teintés d’humour et fort intéressants.
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Je vous avait dit que j’irais rouler avec RadioShack… finalement, il y eu du remue-ménage: mon contact, qui devait me procurer la passe VIP, à eu un «contretemps». Il s’est fait laisser par sa blonde… ce matin!!! Bref, il n’y allait plus!!! Comme si une relation de couple était plus importante que d’aller rouler avec RadioShack 😉
Enfin, je m’étais dit que d’aller rouler sur Champlain serait assurément un bon moyen de croiser des vedettes (eh oui… je deviens groupie tout d’un coup!). J’appelle L-C, un autre coureur de mon équipe, question de pas être seul. Il m’annonce que son patron (Centre du Bicycle Ste-Foy), lui a eu une passe pour aller rouler avec M. Basso!!! Il m’a offert de me joindre à eux… évidemment que j’ai accepté le RDV dernière minute!!!
Toutefois, j’étais dans le genre très flush… j’étais dans mon garage tout vêtu de mon «suit» PREMIER TECH, soit mon équipe de la première heure… et il était maintenant 8h45 et j’étais à Lévis… la ride partait du Château Frontenac à 9h30!!
Petit rappel: je me suis cassé le coude en juillet, je n’ai pas vraiment roulé depuis, et je me suis tapé 1h15 de course hier. Résultat, j’étais, «un peu» courbaturé, car en plus, j’avais eu la brillante idée d’ajouter un peu de «muscu» à tout ça! J’espérais juste qu’il ne fasse pas un peu d’intensité!!
Je prends le vélo qu’il me reste, mon vieux cyclo-cross!! Je décolle en débile, les jambes pleines d’acide lactique, j’arrive au traversier. «Bonjour M… voilà 5$ »; «gardez la monai»!!!… 8h59… 30 secondes. Je monte… et on part… il est maintenant 9h00!!
9h15… je débarque du traversier, je file vers la côte de la Montagne; quand ce qui devait arriver, arriva, je «pète» ma chaîne!!! (en passant, c’est une première pour moi en route! Il en fallait une). J’appelle L-C en urgence et lui demande «t’as pas un dérive-chaîne par hasard!!?» «Eh non», me dit-il d’un ton intrigué.
Finalement, je poursuis mon contre-la-montre à la manière d’un canard; c’est-à-dire, à pied!! J’arrive devant le Château… devant la tente des mécanos des équipes. C’est là que je rencontre L-C et Pierre Boilard, un autre coureur présent. Pierre me demande d’un ton sûr de lui: «tu veux la faire ou pas cette ride!?» Je lui dis: «sûr que oui!!» Il se tourne vers la dame qui s’occupe des VIP et lui dit: «ce gars-là accompagne les équipes, il a pété sa chaîne, il doit voir un mécanos!» Trois secondes plus tard, j’étais sous la tente à me quêter un dérive-chaîne chez Buygues Telekom!! J’ai même du m’obstiner avec le mécanos, que les gars surnommait «l’artiste» pour ne pas prendre une chaîne, qu’il m’offrait gratuitement!!
Ouf! Imaginez la scène: je suis accroupi au sol, dans le passage, petit espace restreint avec Voigt, Voeckler, Cunego, Loubier et j’en passe, qui passent, tour à tour, à côté de moi en train de «gosser» sur mon bike, s’excusant de me déranger! C’était suréaliste!!
Quand je suis sorti, j’étais prêt…mais pas eux!!! Nous somme finalement partis à 10h40 quand Basso s’est pointé avec un plateau d’expresso pour sa gang! Nous sommes partis ensuite d’un trait sur Champlain. Je me suis retrouvé en train de donner le tempo aux gars. Moi qui avait prévu une simple ride sous la pluie, je me retrouve maintenant avec Basso dans ma roue!
Quand je suis arrivé dans la côte de Champlain, je ne savais plus trop ce qui était vite ou lent… pour moi, mais encore moins pour eux! Résultat, je me suis retrouvé à grimper la côte, coude à coude avec Basso! Dans un débordement d’enthousiasme, je me suis finalement retourné, pour m’apercevoir que j’allais un poil trop vite pour cette journée qui était, pour eux, une «mise en jambe» pour demain!!
Je pourrai au moins dire que j’ai décroché Basso … deux fois vainqueur du Tour d’Italie!! Au retour j’étais déjà aux anges!!
J’ai pourtant eu l’occasion d’en remettre; je me suis tapé une petite jasette avec Ivan Basso, qui m’a demandé pourquoi je roulais un cyclo-cross. Je lui ai expliqué que ma saison s’est terminée le 24 juillet, suite à une fracture du coude et comme je me suis débarrassé de tous mes bikes, c’est ce qu’il me restait. Je lui ai expliqué que je ne pouvais pas rater la chance de rouler avec eux! On est finalement rentré au Château… question de conclure cette ride qui m’a permis, comme vous l’avez lu… de retrouver mon cœur d’enfant!