Stephen Roche: «Un vrai pro ne se contente pas de finir dixième»

Québec, parée d’un frais manteau blanc, accueillait l’ancien champion cycliste Stephen Roche, le jeudi 10 décembre. On aurait pu croire que l’ancien gagnant du Tour de France (1987) se serait senti dépaysé, dans un autre monde. Mais non!

«Je suis venu à Québec il y a une dizaine d’années alors que ma fille faisait un stage universitaire à Lennoxville. C’était en novembre, il faisait froid…» Alors, le choc d’un lendemain de tempête ne fut pas si brutal, lui qui niche maintenant sur la Côte-d’Azur, endroit beaucoup plus confortable, à cette période de l’année.

Mais en bon Irlandais qu’il est, le climat de son pays l’avait quand même bien préparé. Au nord, ça ressemble parfois au Québec!

Il se sent même plus à l’aise que bien des Européens, par temps frais, ce qui, expliquait-il, lors de sa visite promotionnelle (nous y reviendrons dans un autre texte), a joué en sa faveur, en 1987, cette merveilleuse année qui l’a vu rafler la triple couronne: Tour d’Italie, Tour de France et Championnat du Monde. «Premièrement, bien sûr, j’étais dans une forme extraordinaire. Mais, cette année-là, le temps a été plus frais, lors de certaines étapes, tant en Italie qu’en France, si bien que ça m’a aidé à récupérer plus facilement…». Avce le résultat que l’on connaît.

Seul le Belge Eddy Merckx, en 1974, peut se vanter d’avoir réussi le même triplé.

Natation, football… et vélo 

Dans sa jeunesse, il pratiquait la natation -«mais je n’étais pas très bon» – et le football, sport dans lequel il excellait. Mais c’est en livrant des journaux, à vélo, qu’il a développé ce qui, plus tard, devait devenir un exceptionnel talent de coureur. Cycliste professionnel de 1981 à 1993, il a remporté 71 victoires au cours d’une belle carrière entamée chez Peugeot, terminée chez Carrera. Il a participé neuf fois au Tour de France, gagné trois fois le Tour de Romandie (1983-1984 et 1987).

Son fils Nicolas est, à son tour, coureur professionnel (AG2R) et se tire assez bien d’affaires, comme en témoigne sa 22e place au Tour de France 2009. «Je l’avais prévenu que ce serait très difficile pour lui… c’est lui qui a fait le plus de kilomètres en échappée, cette année,  mais les échappées, ce ne sont pas des victoires… »

Car la victoire doit rester l’objectif de tout coureur. «Un vrai pro ne se contente pas de finir dixième», dit-il. Voir deux jeunes coureurs qui s’embrassent, l’un félicitant chaleureusement l’autre pour une dixième position, ça l’horripile. «Mais qu’auraient-ils fait s’il avait gagné!»

Pourquoi a-t-il mis fin à sa carrière à 33 ans alors que l’on voit, maintenant, plusieurs coureurs en fin de trentaine rester en selle? «À l’époque, il n’y avait pas d’argent dans le vélo comme aujourd’hui», explique-t-il. Mais rester pour rester? Non. Pas pour lui, à moins d’avoir au moins 50% des chances de gagner. «49,9, ça ne suffit pas.»

Les études

Quel conseil donnerait-il à un jeune qui veut se lancer dans une carrière professionnelle? «Il ne faut pas oublier de s’amuser et, surtout, ne pas négliger les études. Très peu de coureurs se rendent au sommet…»

Sur le plan technique, il suggère aux jeunes coureurs de développer leurs habiletés pour avoir une bonne maîtrise de leur vélo. La piste, aussi, doit faire partie du programme de tout jeune coureur. «C’est une très bonne école», soutient-il.

Le sport idéal

Mais pas de besoin de faire de la compétition pour apprécier le vélo. «Un des plus beaux sports qui soient, parce qu’on peut en faire à tout âge, à son rythme. C’est le sport idéal pour tout le monde. C’est bon pour le cardio, car ce n’est pas très violent, c’est bon pour le système musculaire, car il n’y a pas de chocs, et ça permet de savourer la nature, le bon air et de voir de beaux paysages.»

Dans un autre texte, demain, Stephen Roche nous donne son opinion sur les oreillettes et, incontournable question, le dopage.

Stephen Roche, en compagnie de Robert Tétreault, un cycliste passionné qui avait apporté quelques pièces de sa collection, dont le Mirroir du Tour 1987.

Stephen Roche, en compagnie de Robert Tétreault, un cycliste passionné qui avait apporté quelques pièces de sa collection, dont le MIROIR DU TOUR 1987, un magazine relatant, bien sûr, les exploits du coureur irlandais.

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