Cyclisme sur route – François Parisien, sans regret

Montréal, 19 novembre 2013 (Sportcom) – François Parisien a confirmé sa retraite des compétitions cyclistes vendredi dernier. Cette décision a été prise à la fin de l’été et c’est l’esprit bien tranquille qu’il tire sa révérence, même si son parcours professionnel qui a duré huit ans a été ponctué de hauts et de bas. Vainqueur d’étape au Tour de Catalogne 2013, champion canadien sur route en 2005 et participant à plusieurs Championnats du monde et aux Jeux du Commonwealth, François Parisien a fait le point avec Sportcom.

« Cette année, pour une rare fois, j’ai commencé à avoir moins de plaisir, surtout après mon retour à la compétition en juillet », a expliqué le nouveau retraité. « J’ai quand même dit à mes agents que j’étais prêt à continuer pour un salaire X », a poursuivi celui qui avoue qu’il aurait tout de même été surpris qu’une équipe acquiesce à ses demandes, d’autant plus que deux formations du World Tour (Euskaltel et Vancansoleil) ferment boutique, ce qui diminue le nombre d’appelés.

Au sommet après avoir touché le fond
Le 22 mars dernier, à Lleid, François Parisien s’imposait au sprint de la cinquième étape du Tour de Catalogne.

« Cette victoire était énorme et je courais après. L’équipe m’a beaucoup aidé et cela a été des mois de travail. J’avais les jambes cette journée-là. Dès le début du Tour, mon directeur sportif chez Argos-Shimano m’avait demandé de sauver mes énergies en prévision de cette étape. C’est ce qui m’a donné mon petit kick de plus. »

Si ce moment a été l’apogée de sa carrière, François Parisien en avait vécu le fond, au début 2012, alors qu’il était en pleine dépression. Le Bromontois avoue qu’il a failli mettre un terme à sa carrière à ce moment, sauf qu’il a su remonter les manches et rouler pour ce qui allait être la dernière année de l’équipe canadienne Spidertech.

« Je n’étais pas prêt pour arrêter et je n’avais rien préparé pour la suite des choses. Ce moment a été charnière dans ma carrière et il m’a ensuite permis de voir les choses de façon beaucoup plus posée. J’ai trouvé une façon de tourner rapidement des événements négatifs en quelque chose de positif. Et cela va me servir dans ma vie de tous les jours. »

Nouvelle attitude, même franc-parler

Après ce changement d’attitude, une chose est demeurée chez lui : son franc-parler. Pas pour rien qu’on le surnommait Frank the Tank. Cela aurait pu lui nuire, sauf que le principal intéressé croit que ce n’était pas le cas.

« Au contraire, je pense que les gens ont apprécié ça et ils me le disent. Par contre, si j’avais fait les mêmes commentaires à propos de Ryder Hesjedal (ndlr : qui a récemment avoué s’être dopé au début des années 2000) pendant ma carrière, il y aurait eu de bonnes chances qu’elle se termine. Je comprends les coureurs qui s’abstiennent de faire des commentaires, surtout ceux qui n’ont pas de contrat. »
Le World Tour est le niveau ultime du cyclisme professionnel et François Parisien est fier d’y avoir accédé. Il se dit toutefois déçu de la façon dont les athlètes sont traités. « C’est une business et tu es une pièce de viande qui doit fonctionner à toutes les courses. C’est un peu inhumain. Il y a deux ou trois leaders par équipe et on prend vraiment soin d’eux. Les autres sont là pour les faire gagner. Si tu ne marches pas, tu vas te faire remplacer. Tu n’es pas là pour te développer. Tu es là pour la business. »
Dernier regard sur la filière Slipstream

François Parisien est passé par la filière Slipstream en 2006 et 2007, équipe qui deviendra plus tard Garmin-Sharp. L’athlète originaire de Repentigny s’est plu au sein de ces deux années au sein de cette formation, sauf que comme une douzaine de ses coéquipiers, son contrat n’a pas été renouvelé à l’aube de la saison 2008. Cette cessation de contrat l’a rendu plus amer, car le groupe de jeunes athlètes a été remplacé par plusieurs coureurs qui ont été suspendus dans la foulée du rapport explosif publié par l’Agence américaine antidopage, l’an dernier, après avoir reconnu s’être dopés alors qu’ils couraient chez US Postal.

« Ça m’a fait mal! J’adorais cette équipe et nous étions une famille. Mes coéquipiers et le personnel de soutien étaient géniaux. Jamais je n’avais été aussi bien encadré. Jonathan Vaughters (le patron de l’équipe) a décidé de tasser un paquet de jeunes pour faire de la place à des gars comme Christian Van de Velde, David Zabriskie, Tom Danielson. Il y a eu un changement de cap dans l’équipe et je comprends ce qu’ils ont fait du côté business. »

L’amertume du Québécois est toutefois de courte durée et ce dernier croit que le climat actuel est plus favorable pour les cyclistes qui ne veulent pas recourir au dopage. Parisien cite en exemple son ancien coéquipier chez Argos-Shimano, le Français Warren Berguil, double vainqueur d’étape au Tour d’Espagne et qui a terminé dans le Top-20 au Critérium du Dauphiné.

Aujourd’hui âgé de 31 ans, le nouveau retraité demeurera dans le monde du vélo. Il travaillera aux côtés de son ancien entraîneur Paul Saldanha au sein de l’entreprise montréalaise de centres d’entraînement cycliste PowerWatts qui vise maintenant le marché international.

« J’aurais pu commencer à travailler dès maintenant, sauf que j’ai décidé de m’accorder quelques mois de repos. Nous avons plein d’idées et j’ai hâte de me lancer dans mon nouveau projet de vie. »

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