Le jeu du jeune enfant est devenu le travail d’un adulte déterminé

Il en a parcouru, des kilomètres, depuis que, pour s’amuser, à deux ans et demie, il a enfourché une bicyclette pour la première fois.

Il en a vécu, des émotions, depuis ses premières courses de BMX, à l’âge de sept ans, et, plus tard, ses premières victoires sur route.

Mais jamais autant qu’en ce jour de septembre 2002, alors qu’il a vaincu le septuple gagnant du Tour de France, l’Américain Lance Armstrong, au Grand Prix de San Francisco.

Charles Dionne n’oubliera jamais cette victoire. «C’est sûr que c’est une de mes courses préférées. Devant 500 000 personnes, aux côtés de Lance Armstrong. Wow! Je lui ai presque demandé son autographe, à la ligne de départ!» Pourtant, le jeune coureur de 23 ans que presque personne ne connaissait a vaincu, ce jour-là, au sprint final, l’un des plus grands coureurs cyclistes de tous les temps.

Deux ans plus tard, il a confirmé ses grandes qualités de coureur en remportant, une autre fois, le Grand Prix de San Francisco. Seul, cette fois, au fil d’arrivée.

Conférencier invité au diner bénéfice du club Élicycle, Charles Dionne n’a eu aucune difficulté à capter et retenir l’attention des 53 braves qui ont affronté la tempête, en ce dimanche 16 décembre, à Québec.

Maintenant associé au club Successful Living, basé à Ventura, en Californie, le coureur de Saint-Rédempteur, près de Québec, a abordé plusieurs sujets reliés à son cheminement dans l’univers du vélo, ce jeu qui, au fil des ans, est devenu son gagne-pain. Les classiques européennes, les circuits américains, sa préparation pour les courses, son entraînement hors-saison, tout y est passé. Même la blessure qui l’a chassé de l’équipe Saunier Duval, en 2006. Une blessure d’usure causée par la position penchée du coureur, ce qui provoque une obstruction artérielle, donc un problème de circulation sanguine. Un spécialiste espagnol ferré en la matière a corrigé la situation. «Il a traité environ 200 cyclistes qui avaient le même problème que moi.» Maintenant, tout est rentré dans l’ordre et il se sent fin prêt pour connaître, en 2008, la meilleure saison de sa carrière.

Difficile de rencontrer Charles Dionne sans aborder la question du dopage. Il devance même les questions sur le sujet car, afirme-t-il, c’est un peu la situation tordue que l’on connaît en Europe qui le tient de ce côté-ci de l’Atlantique. «Oui, ça m’intéresse d’y retourner. Le Tour de France, entre autres, c’est encore un rêve, un objectif que j’aimerais atteindre. Mais je ne suis pas pressé. Si ça s’améliore, au niveau du dopage, je ne dis pas non.»

Il a de bonnes conditions, en sol américain et, ajoute-t-il, «c’est très propre. Nous sommes surveillés de près». Il y a également tous ces gens qui le supportent, qui l’encouragent, qu’il ne voudrait surtout pas trahir.

Comment réagit-il au récent scandale qui a frappé le baseball majeur? «Je ne souhaite pas de mal à quiconque, mais, dans un sens, je suis content que ça sorte. Ça démontre que les autres sports professionnels sont sérieusement touchés par le dopage. Pas juste le cyclisme

Les révélations du rapport Mitchell, qui nomme plus de 80 joueurs du baseball majeur, et toutes ces histoires antérieurement dévoilées, vont-elles finir par donner des résultats? «J’espère que oui. Moi, en tout cas, je veux démontrer qu’il est possible d’atteindre de hauts niveaux de performance sans avoir recours aux produits dopants. Je veux démontrer aux jeunes que le dopage n’est pas la voie à emprunter pour avoir du succès. J’espère que les jeunes vont en tirer une bonne leçon.»

Ces mots, il les a prononcés souvent, ces derniers temps, mais, devant les jeunes qui étaient présents, il ne s’est pas fait prier pour les répéter.

Charles Dionne renouera avec la compétition en février, avec des courses aux États-Unis et, plus tard, quelques-unes en sol européen. L’un de ses objectifs, pour 2008, reste sa participation aux Jeux olympiques de Pékin. Avec de bons résultats, d’ici là, il sera difficile de l’oublier.

En vrac

Faisant allusion à ce que Charles Dionne avait dit plus tôt, au sujet de Lance Armstrong, sur la ligne de départ, à San Francisco, sur un ton badin, une dame a posé la question: «est-ce qu’il t’a demandé ton autographe, après la course?» Ce qui, bien sûr, n’a pas manqué de dérider l’auditoire… La meilleure façon de se préparer à une course comme celle de San Francisco, c’est de s’entraîner dans les côtes du boulevard Champlain, à Québec, selon Charles Dionne. «Beaucoup de similitudes dans la longueur et l’inclinaison des pentes»… La différence entre les courses en Europe et celles aux États-Unis? «Pas tant au niveau de l’intensité et la qualité des coureurs que la longueur des courses. Des classiques de 220 à 260 km, c’est courant, en Europe. Aux États-Unis, on voit plutôt des courses de 160 à 180 km»… Sa vitesse la plus élevée: 116 km/h… Chris Horner est un coureur qui l’a beaucoup aidé, particulièrement lors de sa deuxième victoire, à San Francisco, en 2004… Chez Saunier Duval, chaque coureur avait droit à sept vélos pour la saison. Des bécanes à 10 000$! J’en veux une…

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