Le visage olympique de Beijing

Le nid d'oiseau - Photo (c) Christian PouliotRues propres, autoroute déserte entre la ville et l’aéroport, voies réservées pour les véhicules officiels, des bénévoles sur chaque coin de rue de la ville et dans chaque station de métro, des usines fermées afin de nous montrer un ciel bleu, de fausses façades d’édifice afin de remplir un trou ou pour cacher une construction, des quartiers entiers cachés par une première rangée d’habitations complètement neuves ou rénovées. Rien n’a été laissé au hasard.

L’objectif était simple: en mettre plein la vue au monde entier, montrer une belle ville et cacher cette pauvreté qu’on ne saurait voir. L’effet a été assez réussi, si vous voulez mon avis!

Je parlais récemment avec une amie qui a fait un voyage organisé, avec pratiquement le même itinéraire de la ville que nous avions, mais avec beaucoup moins de temps et de liberté de mouvement. Résultat: elle n’y a vu que du feu! Elle n’y a vu que le beau, le neuf et le tape-à-l’oeil. Elle y revient avec un souvenir de carte postale.

Après 30 heures d’avion et de transit et à peine 18 heures en territoire chinois, je n’avais guerre envie de me reposer et ça pressait de partir à la découverte de la ville. Premier arrêt, ça peut sembler bizarre, la maison de la Colombie-Britannique. Lieu de rassemblement pour les athlètes, entraîneurs, membres du comité olympique canadien ainsi que leurs familles (dont je faisais partie). La maison de la Colombie-Britannique était un endroit impressionnant par son architecture avec façade en bois d’oeuvre et par sa raison d’être. Devant l’entrée, l’immense pierre de jade, où Jean-René Dufort avait amené le cycliste Martin Gilbert pour toucher «l’œil de l’Empereur». Un petit « spot », comme l’a si bien décrit le coloré reporter de Radio-Canada, qui était censé apporter chance et médaille.

À mon arrivée, il ne restait que deux jours aux Jeux paralympiques et les employés s’affairaient déjà à démonter certaines parties de la maison. J’ai tout de même eu droit de la visiter et la seule chose, qui restait pratiquement intacte, était la grande salle renfermant la maquette de la ville de Beijing. Une immense maquette en 3 dimensions d’environ 20 m X 20 m représentant une bonne partie de la ville. Ce fut la seule fois où j’ai réussi à bien m’orienter dans cette ville qui s’étend sur des kilomètres à n’en plus finir.

Le site olympique

Le lendemain, journée de clôture des Jeux paralympiques, ma soeur nous avait procuré des billets d’entrée dans le grand stade afin de voir l’arrivée du marathon. Ce fut donc une journée complète à arpenter le site olympique de long et en large.

Première constatation, c’est comme à la télévision. Immeuble neuf, immeuble géant, une promenade à perte de vue, un environnement stérile, aux allures modernes. Je m’attendais à autre chose. Rappelez-vous le site du triathlon, il y avait beaucoup de moderne, mais il y avait aussi beaucoup d’architecture traditionnelle chinoise sur le parcours. Je m’attendais à en voir autant sur le grand site olympique. Il n’en fut presque rien. C’est à l’image de ce que les Chinois sont en train de faire partout dans les grandes villes. Ils remplacent le vieux par du neuf et du moderne. Que quelques éléments décoratifs ornent le site, mais ils sont très rares.

À l’intérieur du stade, on a presque un sentiment de déjà vu quand on habite le Québec et que l’on a déjà visité le Stade du Parc olympique, à Montréal. Sauf que c’est un tantinet plus moderne, encore une fois. Mais force est de constater que, un state olympique, ça reste un stade olympique et que seule la qualité des sièges vous fera dire qu’il est meilleur que le notre! D’accord, celui-là est déjà payé et tient encore dans un seul morceau. Le plus ironique, nous avons payé les deux… Un par nos taxes, l’autre par nos importations.

Assister à un événement olympique, quel qu’il soit, est une expérience mémorable. J’aime la course à pied, j’aime les marathons, j’aime le sport tout simplement. Être témoin d’une arrivée de marathon est probablement un de mes meilleurs souvenirs sportifs, depuis nombre d’années. Non seulement il s’agit d’un grand événement, mais c’est l’aboutissement d’une vie d’athlète. Entraînement d’une vie, quatre ans d’effort sans relâche, qualifications et, finalement, le grand jour. L’énergie est palpable au fil d’arrivée. La gloire ou la défaite. Ils ont tout donné ce qu’ils avaient.

Un des rare item décoratif à caractère traditionnel sur le site des jeux olympiques. - Photo (c) Christian Pouliot

Un rare item décoratif à caractère traditionnel sur le site des Jeux olympiques. - Photo (c) Christian Pouliot

Un marathonien fait son entré accompagné de son guide et complète sont tour de piste avant la grande arrivée.

Un marathonien fait son entrée en compagnie de son guide et complète son tour de piste avant la grande arrivée. - Photo (c) Christian Pouliot

À l’intérerieur du stade, on sent l’omniprésence des bénévoles chinois. Ils sont partout, même dans l’assistance, pour mettre de l’ambiance. - Photo (c) Christian Pouliot

À l’intérerieur du stade, on sent l’omniprésence des bénévoles chinois. Ils sont partout, même dans l’assistance, pour mettre de l’ambiance. - Photo (c) Christian Pouliot

 

Qu’en restera-t-il?

Sur le site, rien de bien compliqué. Selon les informations reçues, sur place, le village olympique sera transformé en condos de luxe pour la nouvelle classe émergente chinoise. Le cube d’eau sera transformé en piscine publique (l’une des plus grosses de la ville). Le parc au bout de la promenade devrait demeurer l’un des plus beau parc urbains de la ville et, finalement, le grand stade, le nid d’oiseau, sera transformé en complexe commercial et continuera d’accueillir des événements sportifs et culturels. Il sera par contre ramené à une capacité de 80 000 spectateurs, soit 11 000 de moins que dans sa forme actuelle.

Dans la ville, la situation est identique. Les Chinois passent à autre chose très rapidement. La majorité des sites sportifs retrouvent leur fonction de base, la ville est déjà sur un autre rythme. Les voitures sont revenues dans les rues et les usines ouvrent leurs portes à nouveau. Les panneaux publicitaires faisaient déjà place au prochain événement d’envergure, le China Open. Événement, auquel, nous aurions voulu assister, mais un horaire de voyage chargé et une escapade prévue à Shanghai nous ont forcé à passer notre tour.

La Chine Olympique a gagné son pari. Elle nous en a mis plein la vue!

Le cube d'eau - Photo (c) Annie Pouliot

Le cube d'eau - Photo (c) Annie Pouliot

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