Paris-Roubaix 2012 : David Veilleux nous raconte…

Le 8 avril 2012, j’ai participé à la 110e édition du célèbre Paris-Roubaix. Surnommé l’Enfer du Nord, ce monument du cyclisme mondial fait partie du patrimoine français.

Cette course disputée en France depuis plus d’un siècle se dispute sur 257,5 km et comprend 51,5 km de secteurs pavés répartis en 27 secteurs. Ces fameux secteurs, qui font entre 500 m et 3,7 km de longueur sont en fait de vieilles routes de la période romaine qui sont aujourd’hui utilisées par les machines agricoles.

Il est difficile de saisir la difficulté d’un secteur sans l’avoir expérimenté, mais si on considère les rues pavées du Vieux-Québec et du Vieux-Montréal comme des secteurs, ceux-ci seraient très faciles à franchir. En plus d’être longs, ceux de Roubaix ont un profil de travers bombé et inégal, les pavés sont inégaux et très espacés, il y a souvent des trous et il y a beaucoup de terre. Quand on franchit un secteur, le but est de rester le plus au centre possible puisque c’est là que le pavé est plus beau et plus régulier. De plus, il faut fournir un effort constant et soutenu. Plus on roule vite, mieux c’est puisqu’on « survole » les craques. Par contre, dès que l’on commence à ralentir, on tape de plus en plus chaque pavé et cela te freine énormément. C’est pourquoi plus la course avance, plus c’est difficile parce qu’il faut fournir le même effort malgré la fatigue physique et la fatigue du corps qui se fait brasser à chaque secteur.

Au départ de la course, il y a eu une période habituelle d’attaques. J’ai suivi les vagues pour essayer de me loger dans la bonne échappée, mais j’ai essayé de ne pas trop en faire pour ne pas me brûler inutilement. Ce n’est qu’au 70e kilomètre de course que je suis parti avec 11 autres coureurs. Dès que nous avons vu que nous avions un peu écart avec le peloton, nous avons roulé à bloc pour faire le trou et s’assurer que nous étions bien partis. Derrière, le peloton s’est relevé et nous avons rapidement pris 4min d’avance avant d’entreprendre le premier secteur de la journée au kilomètre 98. Dans le groupe, la cohésion était bonne et nous avons gardé notre avance pendant un bon moment.

À l’approche du secteur de la Trouée d’Arenberg, un secteur très difficile de 2,4km qui est stratégique dans le déroulement de la course, nous n’avions plus que 2 minutes d’avance, mais l’important était de passer en tête pour éviter les chutes. Même si nous n’avions pas de stress, il y a tout de même eu une violente chute à l’entrée du secteur. J’ai eu énormément de chance et j’ai réussi à l’éviter de justesse alors que 3 ou 4 gars se sont retrouvés au sol.

Nous avons finalement été repris au kilomètre 190, à l’entrée du secteur 13, par un groupe d’une cinquantaine de coureurs qui comprenait les favoris. Tout de suite, je me suis dit qu’il fallait faire attention et se replacer à l’entrée des secteurs. Cependant, avoir passé la journée sans le chaos du placement, j’ai eu de la difficulté à reprendre mes marques et à essayer de bien me placer. Sur 1 ou 2 secteurs, j’ai subi les à-coups des attaques et du vent puisque j’étais mal placé. Je sentais que j’avais encore de bonnes jambes et je voulais essayer de suivre la tête. Par contre, mon vélo m’en a empêché puisque ma chaîne s’est déraillée à plusieurs reprises. À chaque fois que je diminuais la tension dans la chaîne en pédalant plus légèrement, soit pour prendre un virage ou soit parce que j’étais gêné par les coureurs devant moi, cette dernière tombait de mon grand plateau. C’était très frustrant puisque je ne pouvais rien faire pour remédier à la situation.

En continuant à rouler, je me suis battu pour suivre, mais à chaque fois que la chaîne tombait, je perdais des places et j’étais pris derrière des cassures. Je me suis donc retrouvé dans un groupe d’une vingtaine de coureurs à moins de 20 kilomètres de la fin. À la traversée du secteur 6, ma chaîne s’est alors coincée dans mon plateau alors que je prenais un virage. J’ai dû m’arrêter et le support neutre Mavic a dû m’aider à la replacer. Je me suis alors trouvé tout seul, mais j’ai tout de même continué à bien rouler pour tenter de rallier l’arrivée dans les meilleurs délais.

J’ai finalement rejoint la ligne d’arrivée dans le fameux vélodrome de Roubaix en 47e position à plus de 9min du vainqueur. Je suis satisfait de voir que j’avais de bonnes jambes et que malgré la distance, je pouvais fournir de bons efforts en fin de course. Par contre, je suis très déçu d’avoir été gêné par mon équipement alors que j’aurais pu obtenir un meilleur résultat, mais c’est la dure réalité des pavés et je ne pouvais rien y faire. Au courant des prochains jours, je vais me reposer au Québec avant d’entreprendre le Tour de Turquie dans 2 semaines.

Résultats

1 Tom Boonen (Bel) Omega Pharma-Quickstep 6:04:33
2 Sébastien Turgot (Fra) Team Europcar à 1 m 39 s
3 Alessandro Ballan (Ita) BMC Racing Team m.t.
47 David Veilleux à 9 m 09 s

www.davidveilleux.com

 

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