Salt Lake City (Utah) à Durango (Colorado): l'odyssée de Martin Labrecque

Bon sang ne saurait mentir. La mère, Claude Labrecque, cycliste et sportive convaincue, a sans doute pavé la voie, pour ses fils, Simon et Martin.

C’est ce dernier qui, cette fois, nous parle de son odyssée dans le Mid-West américain, un périple à vélo, en solo, qui l’a mené de Salt Lake City (Utah) à Durango (Colorado). Une bagatelle de 636 kilomètres, dans des conditions pas toujours reposantes!

Une belle  occasion pour tester ses capacités physiques et mentales.

Mais pourquoi se taper un parcours aussi inusité? Pour sortir de l’ordinaire, bien sûr, mais aussi pour retrouver un copain qu’il avait rencontré quelques temps auparavant. «Lors de mon précédent voyage de trekking, en Patagonie (région du sud du Chili et de l’Argentine), j’ai connu un gars du Colorado. Je me suis dit qu’un voyage de vélo me permettrait de le revoir sans nécessairement vider mon compte en banque», explique Martin.

Mais il fallait se préparer, prévoir… l’imprévisible et se procurer toutes ces petites choses qui peuvent faire la différence entre vivre un cauchemar ou une aventure exceptionnelle et enrichissante.

«N’ayant pas de vélo approprié, je suis allé au Salon Info-Vélo de Québec. Suite aux conseils des gens sur place, j’ai opté pour un vélo de cyclocross, qui me permettrait d’avoir plus de puissance par coup de pédale qu’un vélo de cuclotourisme.

«Pour le reste de l’équipement, je me suis présenté dans un magasin de vélo et j’ai simplement demandé ce dont j’avais besoin, autant pour le transport que pour la réparation. J’ai également suivi un cours d’une journée sur la réparation de vélo.

«Partant dans le désert, un sac à dos Camelback de trois litres ainsi qu’un second porte gourde furent de très bons investissements. Pour les sacoches de vélo, 2 X 20 litres en avant, 2 X 30 litres et 1 X 15 litres en arrière. Je me suis acheté une tente pour une personne ultra compacte.»

Il faut également prendre certaines précautions, quant aux vêtements à apporter. Si les mots clés de Martin sont «léger et compact», il faut quand même prévoir le pire. «Il est important de traîner un minimu d’équipement de pluie et pour les moments frais, même dans le désert! J’ai dû affronter une tempête de grêle et, la nuit, la température peut baisser d’une trentaine de degrés.»

Quant à la forme physique, assez bonne en temps normal, quelques bonnes sorties ont précédé le périple aux États-Unis. Le boulot en vélo, le tour du Lac-Saint-Jean à la fête des Patriotes et la Petite Aventure, avec Vélo Québec, ont fait partie de son calendrier préparatoire.

Prêt pour la route!

Prêt pour la route!

Le transport

Il faut penser à tout. On l’a déjà mentionné.  Préparation physique, bagages, équipement, il faut aussi organiser le transport du vélo. Une affaire un peu plus compliquée, pour un cycliste qui voyage seul.

«Je suis allé dans un magasin de vélo afin de me procurer une boîte. J’ai suivi les conseils de Vélo Québec pour démonter mon vélo. Il est important d’utiliser beaucoup d’attaches de plastique (tie wraps) afin d’immobiliser le tout et de ruban gommé (duct tape) afin de rendre la boîte plus étanche et solide. Je suis allé à l’aéroport de Québec pour faire identifier mon vélo aux douanes.

«Une semaine avant mon départ, je suis allé faire une semaine de vélo à Plattsburgh. J’en ai profité pour envoyer mon vélo de là-bas jusqu’à Salt Lake City par FedEx Ground. Étant donné que j’étais déjà aux États-Unis, ça m’a coûté beaucoup moins cher et je n’ai eu aucun document douanier à remplir.

«J’ai envoyé mon vélo dans une boutique de salt Lake City, afin qu’ils me le remontent. J’ai mis une note dans la boîte, mais j’avais tout arrangé par courriel et téléphone au préalable.

«Conseil: vérifier au magasin si rien n’a été trop serré et que tout est bien lubrifié. J’avais apporté mes pédales normales, pour rouler en ville, mais j’ai été contraint de garder mes pédales à clip car elles n’étaient pas dévissables.»

Quant au voyage par avion, Martin Labrecque a choisi le départ de Burlington. «Pour un voyage aux États-Unis, il est beaucoup plus économique de descendre à Burlington. Deux fois moins cher, dans mon cas. Il est possible de laisser son auto chez Thrifty pour environ 7$ par jour. J’ai transporté mes sacoches dans une poche de hockey. Rendu à salt Lake City, je suis allé chez FedEx afin d’envoyer cette poche chez mon ami, au Colorado, de façon à ne pas avoir de poids supplémentaire.»

Hébergement, itinéraire et nourriture

Le voyage de martin, on en convient, n’était pas du genre clé en main. Il a vu à tout, lui-même.

«Pour les campings, j’ai cherché sur GoogleMaps et sur http://www.camping-usa.com. Pour les auberges de jeunesse, je suis allé sur http://www.hostelworld.com.  Parfois, je me suis permis un petit hôtel. Il y en a plusieurs entre 40$ et 60$ US par nuit, petit-déjeuner inclus. GoogleMaps est, encore une fois, très utile. L’ensemble de mon itinéraire a été planifié l-a-dessus. Mon but était de trouver un parcours allant de 90 à 110 km par jour.

«Il ne faut pas avoir peur de rouler sur les Interstate. Même si les dix-roues roules à 110 km/h, ils se tassent autant q’ils le peuvent. Par contre, je recommande de toujours rouler de jour! Les gens sont plutôt sympathiques en voyant un cycliste. Il faut croire que j’avais l’air de Lance Armstrong, à leurs yeux!

«Ma nutrition s’est avérée simple. Du chili et des raviolis en canne. C’est déjà cuit et ça n’a donc pas besoin d’être réchauffé. Les cannes de fruit donnent un bon dessert. En collation, les classiques barres tendres. Plusieurs petits-déjeuners et soupers ont été pris dans un restaurant. Il ne faut pas avoir peur d’aller au McDo, les calories seront vite brûlées… J’ai aussi apporté des suppléments vitaminiques et des électrolytes en comprimés.»

Le retour du vélo

Une fois parti, il faut penser au retour. Voici comment Martin s’y est pris. «J’avais dans l’intention de poursuivre ma route jusqu’à Albuquerque (Nouveau-Mexique) après mon arrêt à Durango, mais j’ai décidé de terminer en autobus afin de rester plus longtemps chez mon ami. Encore une fois, je suis allé dans un magasin de vélo afin d’y trouver une boîte et pour dévisser les différentes pièces trop serrées. Puis retour par FedEx Ground.

«Afin de ne pas payer pour un shipping international jusqu’au Canada, qui est trois à quatre fois plus cher, j’ai envoyé mon vélo à Freeport Forwarding. C’est un endroit tout juste avant le poste douanier de Lacolle/Champlain. Le coût n’est que de quelques dollars par jour pour l’entreposage. Il est bien important de compter un bon cinq jours ouvrables pour le shipping avec FedEx Ground.»

Le parcours et les étapes

Voici le lien vers le parcours suivi par notre intrépide voyageur: http://maps.google.ca/maps?f=d&source=s_d&saddr=salt+lake+city&daddr=durango,+co&hl=fr&geocode=&mra=ls&sll=35.546256,-103.423479&sspn=25.529129,39.550781&ie=UTF8&z=7 .

Martin Labrecque, ci-dessous, nous décrit les différentes étapes de son périple.

Salt Lake City – Provo

Arrivée: 31 août 2008 – 37° Celsius. J’ai passé deux nuits dans une auberge de jeunesse (Avenues Hostel). L’altitude a été frappante lors de ma première sortie. Les premiers kilomètres ont été plutôt essouflants. J’ai été surpris ici par le fait que la ville semblait déserte malgré son million d’habitants. En m’en allant vers Provo (88 km), j’ai eu de tout: un avant-midi gris à 20°, un midi sous la grêle puis une pluie torrentielle et un après-midi ensoleillé à près de 25°. Le chemin s’est fait dans les rues résidentielles. Attention, ici, GoogleMaps n’a servi qu’à m’indiquer des rues qui n’avaient plus le même nom.

La route 6, à Provo.

La route 6, à Provo.


Provo – Price

Une nuit en camping (Lakeside RV Campground). À partir d’ici, plus aucun nuage pour les sept prochains jours et une température variant entre 30 et 37°. La crème solaire FPS 60 fut très utile. Direction Price (128 km), ça monte pendant les deux tiers du chemin, passant de 4500 à 7500 pieds d’altitude. Puis, descente jusqu’à Price, à 5600 pieds. À Soldier Summit, il y a un dépanneur, très utile pour se procurer de ;a nourriture… car à 7500 pieds d’altitude, quand on n’arrête pas de monter…

Route 6, à Soldier Summmit.

Route 6, à Soldier Summmit.


Price – Green River

Nuit dans un hôtel. Au départ, une station service indique 45° F. Les 107 kilomètres jusqu’à Green River se feront avant le dîner, le chemin étant plutôt plat. Il n’y a absolument rien entre les deux villes, sauf du sable. Un genre de chevreuil me suivra pendant un ou deux kilomètres. À l’arrivée, je fuis le soleil tellement il fait chaud. Dodo à Shady Acres RV Park & Campground, un camping envahi par les fourmis.

Route 6, à Helper.

Route 6, à Helper.


Green River – Moab

Encore une nuit à geler dans ma tente. Pourtant. ça finira par être la journée la plus chaude depuis mon départ. Vent de face tout le long sans véritable ascension. Une bonne descente juste avant d’arriver à Moab. Mon camping, Riverside Oasis Campground, était juste avant l’entrée de la ville. Un très beau camping sur le bord de la rivière Colorado, avec de gros arbres matures (donc de l’ombre et de la fraîcheur), du beau gazon et aucune bibite. Je resterai ici pendant trois jours.

Route 6, vers Green River.

Route 6, vers Green River.


Camping à Green River.

Camping à Green River.



Crescent Junction.

Crescent Junction.

Arches National Park (Moab)

J’ai essayé de me rendre au camping à l’autre bout du parc mais j’ai dû rebrousser chemin jusqu’à Moab. Le chemin dans le parc est très abrupt, j’atteins la mi-chemin (24 km) et j’ai presque bu toute mon eau. Arches National Park est magnifique, avec plein d’arches de pierre (voir la première scène d’Indiana Jones et la Dernière Croisade). Après un jour de repose en ville, je reviens au parc sans bagages. Cette fois-ci, je profite de chaque attraction jusqu’aux deux tiers du chemin (40 km), avant de revenir, car il se fait tard. L’eau courante, dans ce parc, se trouve à l’entrée et au bout du parc, alors il vaut mieux traîner plus d’eau qu’il n’en faut.

Camping à Moab.

Camping à Moab.

Entrée du Arches National Park.

Entrée du Arches National Park.

Roches en équilibre.

Roches en équilibre.

North Window.

North Window.

Delicate Arch.

Delicate Arch.

Moab – Monticello

Un 98 kilomètres pénible. Ça monte, ça descend, ça monte… et avec un rhume. Vive les nuits sous la tente! Il y a une aire de repos après 30 kilomètres, très utile pour refaire le plein d’eau. Les 15 derniers kilomètres sont en montant. Rendu à Monticello, je quitte le désert.

Monticello – Cortez

Lors de ces 104 kilomètres, je quitte l’Utah pour le Colorado. La température est nuageuse, voire pluvieuse, et fraîche. L’ensemble de pluie sera utile. Ici, le sable la place aux champs verdoyants. Tout est complètement différent! Mon ami viendra me chercher avec son auto car le rhume aura raison de ma dernière journée. Pour les plus téméraires, entre Cortez et Durango, ça montre presque tout le temps. Le parc national Mesa Verde se trouve à mi-chemin.

Cliff Palace, Mesa Verde National Park.

Cliff Palace, Mesa Verde National Park.

Durango

Magnifique petite ville où le plein air est très populaire. Pourquoi ne pas troquer le vélo pour le hiking, le temps d’une journée!

Durango – Albuquerque

J’ai fait le voyage en autocar et, pour ceux que ça intéresse, la première journée offre une montée mais, après, ça descend tranquillement pendant trois jours. Par contre, il faut être prêt à dormir au millieu de nulle part. Il y a 145 kilomètres entre Bloomfield et Cuba. Hormis ces kilomètres, il y a du sable et des montagnes.

Pour nous joindre: clemelin@sdvti.com .

 

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