Tommy Dion nous raconte son Ironman Louisville

Après s’être qualifié pour Kona au 70.3 Eagleman, Tommy devait à tout le moins essayer la distance Ironman complète avant Kona, du moins, à mon avis. Il nous raconte aujourd’hui sa journée comblée de réussite.

Tommy, bienvenue dans le club des hommes de fer!

Récit de course Ironman Louisville 2010

C’est avec une grande confiance en mes capacités que j’aborde ce périple, et ce, même si l’été fut beaucoup plus ardu que je ne l’aurais cru. Avec ma session d’études assez chargée, l’entraînement a « pris le bord » à quelques reprises, dû à la fatigue. Je savais que j’étais prêt pour devenir un Ironman, mais peu importe le résultat, je doutais que j’étais en pleine possession de mes moyens.

Jour de la course :

Levé à 4h, environ 10 minutes avant le cadran. Malgré une nuit légèrement courte (j’ai dû m’endormir vers 10h30), je me sens en pleine forme pour affronter cette journée qui sera probablement une des plus mémorables de ma jeune carrière de triathlète. Après une petite douche, je prends mon petit déjeuner habituel : 2 toasts au beurre de peanut, une banane, un grand bol de céréales et le restant de riz de la veille (environ un grand bol) sans oublier un petit café. Je me recouche une dizaine de minutes pour prendre le temps de visualiser ma course et mes transitions. Un peu après 5h nous prenons le départ pour la zone de transition.

À ce moment, il fait déjà 27 degrés celsius, sans compter l’humidité. Sachant que j’ai une bonne tolérance à la chaleur, voyons si je serai apte à tenir le coup pendant 9 à 10h d’efforts à 35-40 degrés celsius ! Il ne pouvait pas y avoir de meilleure température pour me donner un bon aperçu de la chaleur d’Hawaï. Après avoir fait un dernier « check-up » de mes sacs de transition et gonflé mes pneus, je vais rejoindre ma mère pour nous diriger ensuite vers la ligne de départ à environ 1km de marche. Belle surprise, nous rencontrons Jérôme Bresson, un athlète de Sherbrooke avec qui je m’entraîne et ses parents. Nous réussissons à nous détendre en parlant du parcours, de notre séjour à Louisville, de Kona… Hop, déjà rendu au départ, où je me fais marquer, fais un petit tour aux toilettes et relaxe.

20 minutes avant le départ


departtdMa mère et moi avons trouvé un banc pour nous asseoir, tandis que tous les autres athlètes sont dans la file pour prendre le départ. C’est surprenant, je suis très zen et détendu… Aucun stress, je me dis que c’est juste une grosse journée d’entraînement. Le départ des pros se fait entendre, voulant dire que c’est notre tour dans 10 minutes. Voilà l’hymne national et POW! Notre départ. Je reste assis quelques instants, je regarde si la ligne avance rapidement. Aussitôt que je me suis senti prêt psychologiquement à sauter à l’eau (clin d’œil à ceux qui me côtoient aux entraînements de natation le matin, je n’aime pas qu’on me dise d’entrer à l’eau… Je le fais quand je suis prêt, même si ça peut prendre quelques minutes à attendre sur le bord de la piscine ! hahah) alors comme je le disais, aussitôt que je me suis senti prêt, je prends ma mère dans mes bras plusieurs secondes (j’ai maintenant toute l’énergie qu’il me faut pour ma journée !) et je me suis infiltré dans la ligne.

Natation 3,8 kilomètres

Je saute finalement à l’eau vers 7h10. Étant tellement dans ma bulle, je n’avais pas entendu du tout le bénévole me disant de ne pas sauter tout de suite, car quelqu’un venait de sauter… Conséquence : je lui saute presque dessus ! Alors étant juste derrière lui, je fais quelques mouvements de brasse pour bien me positionner et hop, je suis parti pour mon premier périple le plus long en eau libre. Puisque c’est ma plus grande faiblesse, je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre pour ce qui est du temps. De plus, mes piètres performances de cet été dans l’eau m’inquiétaient beaucoup… Tout au long du parcours je me suis concentré sur ma technique : c’était le mot d’ordre. J’ai même respiré aux 3 coups de bras pendant une grande partie du parcours, je me sentais « relax ». Je sors de l’eau, regarde ma montre et je vois 1h11. Je suis vraiment content ! Ça me motive pour le reste de la course.En courant vers mon sac de transition, j’entends l’animateur nommer mon nom alors je souris à tout le monde, j’étais comme sur un « high » !

Transition 1 : nage-vélo

velotdAprès quelques difficultés à trouver mon sac de transition, j’entre dans la tente pour me changer : je mets mes bas, mes souliers de vélo, mes lunettes, mon casque et je replace mon équipement de natation dans ce sac. C’est à ce moment que j’entends la voix de Sébastien Labranche me disant : « dans la zone de transition là… oui, t’es dans une course, mais t’es aussi dans un Ironman… prends le temps de prendre 2-3 bonnes grandes respirations et de profiter du moment présent. Ce n’est pas toutes les semaines qu’on fait un Ironman ! » Je prends alors 2 bonnes respirations, prends mon sac de transition et demande à un bénévole ce que je fais avec. Je crois qu’il ne m’a pas entendu, mais en voyant une grande quantité de sacs qui traînait, je me suis dit que je devais le laisser là, ce que j’ai aussitôt fait. Je cours vers mon vélo, passant à côté d’une bénévole qui me met généreusement deux « mottons » de crème solaire sur mes épaules. Je tente d’étendre le tout en allant chercher mon vélo (une chance qu’il était loin !) et me voilà parti pour une « balade » de 180km de vélo.

Vélo 180 kilomètres

Je fais la première portion avec des battements de 128-130 à la minute, ce qui est très raisonnable. Je prends le temps de boire beaucoup et de bien me nourrir. Les 15-20 premiers kilomètres sont assez plats, mais c’est par la suite que ça se gâte. C’est un parcours très vallonneux, un peu plus que je ne le croyais. Je suis quand même bien préparé puisqu’à Sherbrooke, il n’y a pas vraiment de plat non plus ! Tout en restant concentré sur ma cadence et ma nutrition, je pense également beaucoup à ma famille (dont quelques-uns qui font le demi-marathon à la marche au Marathon des Deux Rives), coéquipier et amis qui m’encouragent énormément dans ce que je fais. Je suis en constant dépassement, ce qui rend le périple moins ennuyant. Je me sens bien, j’essaie de toujours garder mes pulsations entre 125 et 135 battements par minute.

Vers le milieu du parcours, j’ai lu une pancarte qui m’a fait bien rire : « Listen to what your coach would say… eat ! » Tout de suite j’entends encore PY (mon coach) me dire : as-tu mangé ? as-tu faim ? Non? Ben mange pareil ! Alors, j’ai tout de suite pris une grande bouchée de ma powerbar en me disant : tiens, à ta santé PY ! J’ai commencé à ressentir la chaleur accablante seulement vers le 140e kilomètre. Entre le 130e et le 170e kilomètre, il n’y avait pas de ravitaillement. Même si j’avais fait le plein au dernier, je n’ai pas été assez économe, faisant en sorte que je n’ai pas eu d’eau, ni de gatorade pendant un gros 20 kilomètres. De plus, c’est à ce moment que je me suis mis à avoir des douleurs aux entrejambes qui sont devenus très irrités. Alors pendant les 20 derniers kilomètres, j’avais de la difficulté à rester assis sur mon banc pendant plus de 1 minute… J’ai dû alterner les positions assis/debout pendant quelques kilomètres. En entrant dans la zone de transition je n’ai pas regardé ma montre, alors je n’avais pas d’idée de mon temps, mais je pensais avoir bien fait. Pour les curieux qui veulent savoir ce que j’ai mangé/bu sur le vélo : environ 4 bouteilles d’eau, 5 bouteilles de gatorade, 2 powerbars et 1 paquet et demi de jujube clif shot blocks .

Transition 2 : vélo-course

Après avoir récupéré mon sac de transition, je me suis dépêché à aller sous la tente pour me changer : enlever mon casque, mettre mes souliers de course à pied, un peu de vaseline par-ci par-là, je donne mon sac de transition à un bénévole et je suis reparti!… Du mauvais côté ! hahah mais rapidement un bénévole me montre le bon chemin à prendre et c’est parti pour de vrai !

Course à pied 42,2 kilomètres

 

coursetd

Je me sens vraiment bien. J’ai couru les cinq premiers kilomètres à 4 minutes 25 du kilo, qui était un peu trop rapide. J’ai donc ralenti aux alentours de 4’45-5’ pour les suivants, ce qui donne un marathon sous les 3h30. Je passe au demi-marathon en 1h41 et je me sentais encore bien, mais je doutais que j’allais être capable de maintenir ce rythme pour le reste de la course. Comme de fait, j’ai « semi-cassé » vers le 27e kilomètre. Je sentais ma foulée se dégrader et la chaleur me tomber dessus. Peut-être pas assez mangé ? Ou parti trop rapidement ? Ou tout simplement la chaleur ? Une combinaison de tout ça ?

Même avec ce « down », cela ne m’a pas empêché de garder mon sourire aux lèvres que j’avais depuis le début du vélo. En me voyant souriant, les spectateurs se mettent à m’encourager encore plus ! Alors tout au long du vélo et la course à pied, ce sourire s’est avéré payant car j’au dû recevoir 3X plus d’encouragement que les autres ! heheh C’est vers le 33e kilomètre que j’ai augmenté la cadence jusqu’à la fin. C’est motivant de dire qu’il te reste moins de 10 km à parcourir sur une distance totale de 225 km !

Voici ma routine à chaque point de ravitaillement (tous les 1,6km) et tout est en ordre alors ça va comme ceci : éponge (3-4), gorgée d’eau, prends tous les verres d’eau possibles pour me les lancer dessus, verre de gatorade, verre de coke, encore de l’eau et encore des éponges que je garde pour en mettre à trois places différentes sous mon racing suit : une dans le cou et une sur chacun de mes pectoraux. À chaque 400-500 mètres, j’en utilisais une pour me rafraîchir et en arrivant à l’autre ravitaillement je les jetais. J’ai trouvé cette technique excellente pour me garder au frais le plus longtemps possible.

arrivetd

Pendant une grande partie du marathon, j’ai couru avec une personne de ma catégorie. Je l’avais rattrapé au 15e kilomètre et il s’est mis à me suivre (c’est le gars derrière moi sur la photo). Je sentais qu’il voulait me battre, mais moi ça ne me dérangeait pas puisque d’une part j’avais déjà ma place pour le Championnat du monde, et d’autre part ça ne veut rien dire puisqu’on n’a probablement pas pris le départ au même moment. Je m’assurais simplement de ne pas le laisser filer devant moi. De toute manière, je savais qu’il ne pouvait pas aller plus vite que moi (cet aspect est surtout mental). En effet, comme je ne regarde jamais en arrière, je ne l’ai jamais vu du marathon… sauf au dernier 200 mètres, quand je tapais dans les mains de tout le monde, profitais de ce moment incroyable, où je le vois me dépasser en sprintant. Sur le coup j’ai accéléré, mais je me suis rendu compte que ça ne servait à rien et que j’étais mieux de ralentir, de saluer la foule et d’entendre la fameuse voix de Mike Reilly m’annoncer : Oh here’s Tommy, 22 years old from Sherbrooke, Canada YOU ARE AN IRONMAN ! Quel moment mémorable ! Je passe la ligne et je marche un peu, grand sourire jusqu’aux oreilles et une bénévole me dis : Medical ? Je la regarde, avec ce sourire et je lui réponds :  medical ? Oh no ! et dans ma tête je me disais : I’ve never felt that good of my entire life !

Au début de la course, je ne m’étais pas donné d’objectif clair, puisque je me dirigeais vers un terrain inconnu. J’avais une idée des temps pour chaque discipline, mais les trois combinées ensemble c’est très différent. Tellement de choses peuvent arriver ! Cette année, il y a eu un taux d’abandon de 16% avec des temps plus élevé de 45 minutes en moyenne comparativement à l’année dernière.

medaltdMon temps final est de 10h10 :43, 3e de ma catégorie sur 141 et 42e au total sur 2555 participants. Avec ce résultat, je me qualifie encore pour Hawaï !

Temps de nage : 1h11 :47, 22e de ma catégorie (satisfait)
Temps de vélo : 5h16 :19 (34,1km/h), 6e de ma catégorie (satisfait)
Temps de course à pied : 3h34 :42, 3e de ma catégorie (moyennement satisfait)

Étiquettes : , , ,


Pas de réponse à “Tommy Dion nous raconte son Ironman Louisville”

  1. Jean-Martin Giroux

    Tout d’abord, mes félicitations !
    C’est toujours agréable et inspirant de lire des gens qui se surpasse. J’ai fait l’expérience pour la première fois d’un duathlon et je compte en refaire d’autres dont débuter le triathlon. Pour l’instant, je me dis que je pourrais m’entraîner pour un demi ironman mais je crois voir Christian Pouliot sourire et me dire, « Tu ne seras pas capable de t’arrêter là. »

Laisser une réponse

XHTML: Tags utilisables: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>